Les oiseaux le font, les abeilles le font, même les puces éduquées le font – enfin, peut-être qu’ils ne tombent pas amoureux mais ils procréent, alors peut-on estimer combien d’animaux naissent chaque jour à travers le monde ?
C’est la question posée par un auditeur de l’émission More or Less de la BBC, une émission qui vise à donner un sens aux chiffres qui informent nos vies.
D’abord, qu’entendons-nous par le terme « animal » ? Le dictionnaire anglais Oxford définit un animal comme « un organisme vivant qui se nourrit de matière organique, possédant généralement des organes sensoriels et un système nerveux spécialisés et capable de répondre rapidement à des stimuli ».
On parle donc de mammifères et de non-mammifères, de vertébrés et d’invertébrés, d’animaux qui éclosent et d’animaux qui ont des naissances vivantes.
Pour vous donner une idée de l’ampleur de la question et même de la réponse, commençons par une créature connue pour ses prouesses en matière de procréation : le lapin, de Bugs Bunny, Peter et Jessica.
Wildlife Britain estime que la population reproductrice de lapins sauvages au Royaume-Uni est de 40 millions. Au Royaume-Uni, un lapin produit généralement jusqu’à sept portées contenant chacune trois à sept chatons.
Si chaque lapine sauvage femelle du pays avait sept portées de, disons, cinq chatons par portée, il y aurait l’équivalent de 1 917 808 lapins nés chaque jour.
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Alors, quand devrions-nous accueillir nos super-soldats lapins ? Eh bien malheureusement – ou heureusement selon votre opinion – il y a un taux de mortalité élevé chez les chatons de lapin, donc la majorité n’atteindra pas la maturité. Évidemment, il s’agit d’un calcul grossier et les chiffres réels varieront.
Mais qu’en est-il des espèces moins répandues, comme le manchot de Humboldt ? Cette créature est originaire des régions côtières du Chili et du Pérou.
Les manchots de Humbolt pondent des couvées d’œufs, généralement deux à la fois et un couple peut s’attendre à produire deux ou trois couvées chaque année.
Tous les œufs ne vont pas jusqu’au bout de l’incubation : mais si nous regardons les chiffres dont nous disposons grâce à l’étude de ces manchots en captivité et que nous supposons que le taux est similaire dans la population sauvage, nous pouvons dire que 14 400 manchots de Humboldt éclosent chaque année. Cela représente en moyenne un peu moins de 40 poussins de Humboldt qui surgissent dans le monde chaque jour.
Ce n’est pas beaucoup, mais le manchot de Humboldt est une espèce menacée, classée par l’Union internationale pour la conservation de la nature, une autorité mondiale reconnue en la matière, comme « vulnérable ».
Lorsque vous le comparez à une espèce qui n’est pas menacée – disons un poulet – les chiffres sont étonnamment différents.
En extrapolant les données recueillies par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, on peut estimer que plus de 62 millions de poulets naissent chaque jour dans le monde.
C’est beaucoup de poulets. Et puis il y a les abeilles.
On estime que pendant les mois les plus chauds de l’année, la reine des abeilles domestiques pond en moyenne 1 500 œufs chaque jour. En janvier 2018, le comptage des abeilles de la National Bee Unit a mesuré un total expérimental de 247 461 ruches d’abeilles domestiques au Royaume-Uni.
Donc, en été, il pourrait théoriquement et avec beaucoup de chance, y avoir jusqu’à 371 191 500 éclosions d’abeilles domestiques chaque jour.
Rien de tout cela ne semble très précis n’est-ce pas ? Monika Bohm, de l’Institut de zoologie du zoo de Londres, pense qu’il est impossible d’additionner purement tous les descendants de chaque espèce dans le monde, car nous ne connaissons tout simplement pas assez les habitudes de reproduction de la majorité des espèces.
Cependant, le professeur Axel Rossberg, de l’université Queen Mary, pense qu’il pourrait avoir la réponse.
Il affirme que les espèces qui pèsent un millième d’une autre sont généralement mille fois plus abondantes.
Ce qui signifie qu’il y a plus d’abeilles que d’éléphants, plus de cloportes que de porcs-épics et plus de fourmis que de fourmiliers.
L’un des animaux les plus abondants de la planète est le nématode, que l’on appelle aussi ver rond. Il y a trois millions de nématodes par mètre carré de terre sur terre.
Une espèce de nématode qui a été largement étudiée s’appelle Caenorhabditis Elegans ou « C Elegans » pour ses amis. Ils pondent environ cinq œufs par heure.
En examinant les ratios établis qui permettent aux populations de rester stables, le professeur Rossberg estime qu’un œuf sur 100 va éclore, ce qui nous donne un total de 600 quintillions de nématodes C Elegans nés chaque jour. C’est un 6 suivi de 20 zéros.
Les maths : trois millions de nématodes par mètre carré, un nématode pond cinq œufs par heure, il y a 24 heures par jour et 1 % de taux d’éclosion.
Multiplié par le nombre de mètres carrés de terre sur terre – qui est d’environ 150 000 000 000 000 – cela donne 600 quintillions de nématodes nés par jour sur terre, chaque jour. Si l’on prend en compte le reste de la population mondiale de nématodes, qui vit dans l’eau, ce chiffre est beaucoup, beaucoup, plus élevé.
Voilà donc. Six cent quintillions de nématodes C Elegan naissent chaque jour sur terre.
Et bien que cela ne concerne qu’une seule espèce animale, parce qu’ils sont si nombreux, les 40 manchots de Humboldt, les 62 millions de poulets, les lapins rampants et même les 371 191 500 abeilles domestiques font pâle figure en comparaison, nous pouvons donc utiliser ce chiffre comme une estimation approximative pour l’ensemble des espèces animales.
On pense qu’il y a environ 7,7 millions d’espèces animales connues sur la planète et la National Oceanic and Atmospheric Administration estime que pas moins de 95 % des océans et 99 % des fonds marins sont restés inexplorés.
Donc – tant que nous ne connaîtrons pas et n’aurons pas étudié toutes les espèces sur Terre – cette question restera sans réponse.
- Vous pouvez écouter la dernière édition de Plus ou moins, et d’autres de la série, en ligne et via le podcast de l’émission.
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