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Comité de salut public

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Lettre anglaise (anglais. Letter) datée du 29 juin 1793 telle que publiée par la Convention nationale pendant la Révolution française (1793) pour prouver l’espionnage et le complot anglais

Le 5 avril 1793, le commandant militaire français et ancien ministre de la guerre, le général Charles François Dumouriez, fait défection en Autriche après la publication d’une lettre incendiaire dans laquelle il menace de faire marcher son armée sur la ville de Paris si la Convention nationale n’accède pas à sa direction. La nouvelle de sa défection suscite l’inquiétude à Paris, où l’on craint une défaite imminente des Autrichiens et de leurs alliés. Une croyance répandue veut que la France révolutionnaire soit en péril immédiat, menacée non seulement par des armées étrangères et par les récentes révoltes en Vendée, mais aussi par des agents étrangers qui complotent la destruction de la nation de l’intérieur. La défection de Dumouriez renforce cette conviction. Face à cette menace, le chef des Girondins, Maximin Isnard, propose la création d’un Comité de salut public composé de neuf membres. Isnard est soutenu dans cette démarche par Georges Danton, qui déclare : « Ce Comité est précisément ce que nous voulons, une main pour saisir l’arme du Tribunal révolutionnaire ».

Le Comité est créé le 6 avril 1793. Étroitement associé à la direction de Danton, il était initialement connu sous le nom de Comité Danton. Danton dirigea le Comité pendant les journées du 31 mai et du 2 juin 1793 qui virent l’expulsion violente des Girondins et pendant l’intensification de la guerre en Vendée. Lorsque le Comité est recomposé le 10 juillet 1793, Danton n’en fait pas partie. Néanmoins, il continue à soutenir la centralisation du pouvoir par le Comité.

Le 27 juillet 1793, Maximilien Robespierre est élu au Comité. A cette époque, le Comité entre dans une phase plus puissante et active, qui le verra devenir une dictature aux côtés de son puissant partenaire, le Comité de sûreté générale. Le rôle du Comité de sûreté publique comprenait la gouvernance de la guerre (y compris la nomination des généraux), la nomination des juges et des jurés du Tribunal révolutionnaire, le ravitaillement des armées et du public, le maintien de l’ordre public et la surveillance de la bureaucratie de l’État.

Le Comité était également chargé d’interpréter et d’appliquer les décrets de la Convention nationale et donc de mettre en œuvre certaines des politiques les plus strictes de la Terreur – par exemple, la levée en masse votée le 23 août 1793, la loi des suspects votée le 17 septembre 1793 et la loi du maximum général votée le 29 septembre 1793. Les pouvoirs étendus et centralisés du Comité sont codifiés par la loi du 14 Frimaire (dite aussi loi du gouvernement révolutionnaire) le 4 décembre 1793.

Exécution des Hébertistes et des DantonistesModification

Le 5 décembre 1793, le journaliste Camille Desmoulins commence à publier Le Vieux Cordelier avec l’approbation de Robespierre et du Comité. Ce journal est d’abord destiné à la faction ultra-révolutionnaire des Hébertistes, dont les revendications extrémistes, la ferveur antireligieuse et la propension aux insurrections soudaines troublent le Comité. Cependant, Desmoulins retourne rapidement sa plume contre le Comité de salut public et le Comité de sûreté générale, comparant leur règne à celui des tyrans romains relatés par Tacite et exposant les vues indulgentes de la faction dantoniste.

En conséquence, si les Hébertistes sont arrêtés et exécutés en mars 1794, les Comités font également arrêter Desmoulins et Danton. Hérault de Séchelles, ami et allié de Danton, est exclu du Comité de salut public, arrêté et jugé à leurs côtés. Le 5 avril 1794, les dantonistes passent à la guillotine.

Comité de salut public

Maximilien Robespierre, membre du Comité de salut public

L’élimination des Hébertistes et des Dantonistes rend évidente la force dictatoriale des Comités pour contrôler et faire taire l’opposition. La création en mars 1794 d’un Bureau de police générale – relevant nominalement du Comité de salut public, mais le plus souvent directement de Robespierre et de son plus proche allié, Louis Antoine de Saint-Just – sert à accroître le pouvoir du Comité de salut public et de Robespierre lui-même.

La loi du 22 prairial, proposée par le Comité et promulguée par la Convention le 10 juin 1794, va plus loin en établissant le contrôle de fer du Tribunal révolutionnaire et, au-dessus de lui, des Comités de salut public et de sûreté générale. La loi énumère diverses formes d’ennemis publics, exige leur dénonciation et limite sévèrement les recours juridiques dont disposent les accusés. La peine pour tous les crimes prévus par cette loi était la mort ; de sa création à la chute de Robespierre le 27 juillet 1794, plus de personnes furent condamnées à mort que dans toute l’histoire antérieure du Tribunal révolutionnaire.

Cependant, alors même que la Terreur atteignait son apogée et avec elle le pouvoir politique du Comité, la discorde grandissait au sein du gouvernement révolutionnaire. Les membres du Comité de sûreté générale n’appréciaient pas le comportement autocratique du Comité de sûreté publique et en particulier l’empiètement du Bureau de la police générale sur leur propre mémoire. Les disputes au sein même du Comité de salut public étaient devenues si violentes qu’il déplaça ses réunions dans une salle plus privée pour préserver l’illusion d’un accord. Robespierre, fervent partisan du culte théiste de l’Être suprême, se trouve fréquemment en conflit avec les membres antireligieux du Comité, Collot d’Herbois et Billaud-Varenne. De plus, les absences de plus en plus longues de Robespierre au Comité pour cause de maladie (il cesse pratiquement d’assister aux réunions en juin 1794) donnent l’impression qu’il est isolé et déconnecté.

Chute du Comité et suites

Comité de Salut public, An II

Lorsqu’il devint évident, à la mi-juillet 1794, que Robespierre et Saint-Just projetaient de frapper leurs adversaires politiques Joseph Fouché, Jean-Lambert Tallien et Marc-Guillaume Alexis Vadier (ces deux derniers membres du Comité de sûreté générale), la fragile trêve au sein du gouvernement est dissoute. Saint-Just et son collègue du Comité de salut public Bertrand Barère tentent de maintenir la paix entre les Comités de salut public et de sûreté générale. Cependant, Robespierre prononce un discours à la Convention nationale le 26 juillet 1794 dans lequel il insiste sur la nécessité de « purifier » les Comités et « d’écraser toutes les factions ». Dans un discours prononcé le soir même au Club des Jacobins, il s’en prend à Collot d’Herbois et à Billaud-Varenne, qui avaient refusé l’impression et la distribution de son discours à la Convention.

Le lendemain, 27 juillet 1794 (ou 9 Thermidor selon le calendrier révolutionnaire), Saint-Just commence à prendre la parole devant la Convention, prévoyant de dénoncer Collot d’Herbois, Billaud-Varenne et d’autres membres du Comité de salut public. Mais il est presque immédiatement interrompu par Tallien et par Billaud-Varenne, qui l’accusent de vouloir « assassiner la Convention ». Barère, Vadier et Stanislas Fréron se joignent aux accusations contre Saint-Just et Robespierre. La Convention ordonne l’arrestation de Robespierre, de son frère Augustin et de Saint-Just, ainsi que celle de leurs partisans Philippe Le Bas et Georges Couthon.

Il s’ensuit une période de troubles civils intenses, au cours de laquelle les membres des comités de salut public et de sûreté générale sont contraints de se réfugier à la Convention. Les frères Robespierre, Saint-Just, Le Bas et Couthon se retranchent à l’Hôtel de Ville, tentant de fomenter une insurrection. En fin de compte, face à la défaite et à l’arrestation, Le Bas se suicide, tandis que Saint-Just, Couthon et Maximilien et Augustin Robespierre sont arrêtés et guillotinés le 28 juillet 1794.

La période de bouleversements qui s’ensuit, surnommée la réaction thermidorienne, voit l’abrogation de nombreuses lois les plus impopulaires de la Terreur et la restriction des Comités de sûreté générale et de sûreté publique. Les Comités cessent d’exister sous la Constitution de l’an III (1795), qui marque le début du Directoire.

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