Le féodalisme
Le féodalisme était le modèle médiéval de gouvernement précédant la naissance de l’État-nation moderne. La société féodale est une hiérarchie militaire dans laquelle un souverain ou un seigneur offre aux combattants montés un fief (beneficium médiéval), une unité de terre à contrôler en échange d’un service militaire. L’individu qui acceptait cette terre devenait un vassal, et l’homme qui lui accordait la terre devenait connu comme son lieutenant ou son seigneur. L’accord était souvent scellé par des serments sur la Bible ou sur les reliques de saints. Souvent, ce service militaire se résumait à quarante jours de service par an en temps de paix ou à un service indéfini en temps de guerre, mais les conditions réelles de service et les devoirs variaient considérablement au cas par cas. Des facteurs tels que la qualité des terres, l’habileté du combattant, les coutumes locales et la situation financière du seigneur lige jouaient toujours un rôle. Par exemple, à la fin de la période médiévale, ce service militaire était souvent abandonné au profit d’un paiement en espèces, ou d’un accord pour fournir un certain nombre d’hommes d’armes ou de chevaliers à cheval à l’usage du seigneur.
À la fin de la période médiévale, le fief devenait souvent héréditaire, et le fils d’un chevalier ou d’un petit noble héritait des terres et des obligations militaires de son père à la mort de celui-ci. Le féodalisme a eu deux effets énormes sur la société médiévale.
(1) Premièrement, le féodalisme décourageait le gouvernement unifié. Les seigneurs individuels divisaient leurs terres en sections de plus en plus petites pour les donner à des souverains et des chevaliers de moindre importance. Ces derniers, à leur tour, subdivisaient leurs propres terres en fiefs encore plus petits pour les donner à des nobles et des chevaliers encore moins importants. Chaque chevalier prêtait son serment de fidélité à celui qui lui avait donné la terre, qui n’était pas nécessairement le roi ou un noble supérieur. Le gouvernement féodal était toujours un arrangement entre individus, et non entre États-nations et citoyens. Cela signifie que, même si les barons, ducs et comtes individuels peuvent être loyaux en théorie envers le roi ou la famille noble centralisée, il n’existe pas de tradition juridique forte pour les empêcher de se déclarer la guerre. Les liens de loyauté s’enchevêtrent souvent au point qu’un même chevalier peut se retrouver à prêter allégeance à deux ducs ou barons différents qui sont en guerre l’un contre l’autre. Il n’y avait aucun sentiment de loyauté envers une zone géographique ou une race particulière, seulement une loyauté envers une personne, qui prenait fin à la mort de cette personne.
(2) Deuxièmement, le féodalisme décourageait le commerce et la croissance économique. La terre était travaillée par des paysans appelés serfs, qui étaient liés à des parcelles individuelles et à qui il était interdit de se déplacer ou de changer de métier sans l’autorisation de leur seigneur. Le seigneur féodal pouvait réclamer un tiers ou la moitié de leur production en taxes et en redevances, et les serfs lui devaient un nombre déterminé de jours par an pendant lesquels ils devaient travailler dans les champs du seigneur en échange du droit de travailler leurs propres terres. Souvent, ils devaient moudre leur grain dans le moulin du seigneur, cuire leur pain dans le four du seigneur et utiliser les routes et les ponts que le seigneur avait construits. Chaque fois qu’ils faisaient cela, bien sûr, ils devaient lui payer un péage ou un droit quelconque. Il leur était cependant interdit de créer leurs propres routes, ponts, moulins et fours : le seigneur disposait d’un monopole légal et l’exploitait à sa guise. En échange d’autres droits élevés, certains paysans pouvaient créer une commune (un gouvernement coopératif entre eux) ou payer le seigneur pour avoir le droit de juger leurs propres procès par des jurés. D’autres communautés ambitieuses pouvaient mettre en commun leurs ressources et acheter une charte, un document juridique qui donnait aux habitants d’une ville ou d’un village certaines libertés économiques pour acheter et vendre leurs propres terres ou produits. En pratique, ces occurrences étaient souvent des nécessités économiques, mais en théorie, ces libertés étaient des cadeaux généreux offerts par le seigneur à ses anciens serfs en échange de diverses considérations financières.
En théorie, toute la communauté médiévale serait divisée en trois groupes : les bellatores (les nobles qui se battaient), les labores (les ouvriers agricoles qui cultivaient la nourriture) et les oratores (le clergé qui priait et s’occupait des questions spirituelles).C’est une vieille idée dans la théorie politique médiévale. En Grande-Bretagne, nous pouvons en voir des exemples dès les traités anglo-latins comme les Institutes of Polity de Wulfstan et « An Estate Memorandum : Duties and Perquisites ». En réalité, cette simple division tripartite, connue sous le nom des trois domaines du féodalisme, s’est avérée inapplicable, et la nécessité d’artisans, de marchands et d’autres professions qualifiés était tout à fait visible, malgré le modèle théorique épousé dans les sermons et les traités politiques. Nous pouvons voir des vestiges de l’idéologie des « Trois États » chez des poètes comme Langland et Chaucer. Langland, par exemple, écrit des diatribes contre l’effondrement de l’ancien ordre théorique dans la Vox Clamantis et la Confessio Amantis ; de même, l’ordonnancement des Contes de Canterbury de Chaucer suggère à certains égards que ce dernier organise les pèlerins selon leur rang social, mais cet ordre est perturbé par le paillard Miller.