Articles

Fête nationale du Québec (Saint-Jean-Baptiste)

Posted on

Origines de la Saint-Jean-Baptiste

La Saint-Jean-Baptiste trouve son origine dans les célébrations du solstice d’été, une ancienne tradition païenne où l’on allumait des feux pour célébrer la lumière le jour le plus long de l’année. En France, l’Église catholique romaine a adapté cette fête et l’a associée à Jean le Baptiste, cousin de Jésus.

La tradition d’allumer le feu de la Saint-Jean pour marquer le début de l’été a été apportée en Nouvelle-France en 1646. En 1694, Mgr de Saint-Vallierdéclare qu’il s’agit d’un jour férié consacré à la dévotion. La Saint-Jean-Baptiste continue d’être célébrée après la Conquête, mais ce n’est qu’en 1834 qu’elle prend la tonalité politique qu’elle a encore aujourd’hui.

Le 8 mars 1834, Ludger Duvernay, rédacteur du journal La Minerve (publication importante au Bas-Canada et voix des Patriotes), fonde avec George-Étienne Cartier, alors étudiant en droit, et Louis-Victor Sicotte, l’organisme Aide-toi et le ciel t’aidera. Cette organisation, dont le nom fait référence à une société secrète révolutionnaire fondée en France en 1827, préfigure les Fils de la Liberté et est une sorte d’ancêtre de la Société Saint-Jean-Baptiste. L’organisation visait à créer une fête nationale pour les Canadiens français et à organiser des célébrations pour l’accompagner, un peu comme les Irlandais de Montréal célébraient la Saint-Patrick par un défilé depuis 1824.

Le 24 juin 1834, Duvernay invite plusieurs personnalités montréalaises au premier banquet de la Saint-Jean-Baptiste chez l’avocat John MacDonnell. L’événement est avant tout une affaire politique, à laquelle participent une soixantaine de francophones et d’anglophones (dont le député Louis-Hippolyte LaFontaine, le futur avocat et premier ministre de la province du Canada George-Étienne Cartier, le maire de Montréal Jacques Viger et le docteur Edmund O’Callaghan). Les invités portent un toast aux quatre-vingt-douze résolutions, aux États-Unis et aux réformistes du Bas et du Haut-Canada et de l’Irlande. Dans les reportages qui suivent le banquet, plusieurs journalistes encouragent les gens à célébrer publiquement la Saint-Jean-Baptiste l’année suivante ; de telles célébrations ont probablement eu lieu dans de nombreux villages.

Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal

Toutefois, les événements des rébellions de 1837-1838 forcent Duvernay et plusieurs autres Patriotes à s’exiler. À son retour au Canada en 1842, Duvernay s’empresse de relancer les célébrations de la Saint-Jean-Baptiste, soulignant que les Canadiens français doivent plus que jamais rester unis. Ainsi, le 9 juin 1843, l’Association Saint-Jean-Baptiste de Montréal est créée grâce aux efforts de Ludger Duvernay, et le 24 juin, Montréal organise son premier défilé de la Saint-Jean-Baptiste, une tradition qui se poursuit encore aujourd’hui.

Une célébration de la religion et de l’identité

Au début, les festivités de la Saint-Jean consistaient en un banquet, une messe, la distribution de pain consacré et un défilé. Les membres des sociétés Saint-Jean-Baptiste défilent dans le cortège ; au fil du temps, celui-ci s’élargit à divers autres organismes culturels (comme l’Institut canadien), à des ordres professionnels (membres du Barreau du Québec, médecins, etc.) et à des associations commerciales, ainsi qu’à des étudiants. Pour l’occasion, les commerces et les maisons arborent les symboles des sociétés Saint-Jean-Baptiste : la feuille d’érable et le castor. Le chant patriotique « Ô Canada ! mon pays ! mes amours ! » (écrit par George-Étienne Cartier et interprété pour la première fois lors du deuxième banquet de la Saint-Jean-Baptiste en 1835), ainsi que le populaire  » Vive la Canadienne  » ont longtemps servi d’hymnes nationaux. De plus,  » Ô Canada « , qui deviendra officiellement l’hymne national du pays en 1980, a été entendu pour la première fois lors des célébrations de la Saint-Jean à Québec en 1880.

Étant donné l’omniprésence de l’Église catholique romaine dans la société canadienne-française, la fête a eu une association marquée avec saint Jean-Baptiste dès le début. Saint Jean Baptiste était personnifié par un enfant aux cheveux bouclés tenant un mouton dans le dernier char du défilé. Toutefois, ce n’est qu’en 1908 que Saint-Jean-Baptiste est devenu officiellement le saint patron des Canadiens français. Les personnages de Jacques Cartier, un Français, et d’un Autochtone, également représentés par des enfants, figuraient également dans de nombreux défilés au XIXe siècle. Au fil du temps, des personnages représentant la Nouvelle-France et des Canadiens célèbres ont également été ajoutés.

Chaque année, des fêtes de la Saint-Jean-Baptiste étaient organisées dans toute la province. Les plus importantes se tenaient toutefois à Québec et à Montréal. Officiellement reconnue par l’Assemblée législative du Québec en 1925, la Saint-Jean-Baptiste est devenue un jour férié cette année-là. En 1947, les sociétés de Saint-Jean-Baptiste du Québec se sont constituées en fédération et se sont empressées de faire campagne en faveur de l’adoption de la fleur de lys comme drapeau de la province. Par conséquent, le 21 janvier 1948, le Québec adopte un drapeau officiel (voir Fleur-de-lys) qui devient rapidement un symbole de ralliement dans les célébrations de la Saint-Jean-Baptiste.

Drapeau du Québec

Au cours des années 1960 et 1970, qui sont des années turbulentes pour le Québec, la Saint-Jean-Baptiste devient moins axée sur la religion et davantage sur la culture, l’art et l’unité. En juin 1972, la Fédération des Sociétés Saint-Jean-Baptiste du Québec devient le Mouvement national des Québécois (MNQ). La fête, considérée comme un moment d’unité nationale, sert également de tribune aux artistes et aux politiciens. Les leaders politiques se joignent au défilé, provoquant parfois des remous dans la foule, et les souverainistes en profitent pour défendre leur cause. En 1975, Gilles Vigneault a interprété pour la première fois sa chanson « Gens du pays », un hymne au peuple québécois qui a joué un rôle clé dans la fête et dans la culture québécoise depuis lors.

emMon Pays/em

Fête nationale du Québec

Le 24 juin 1977, le gouvernement de René Lévesque rebaptise la Saint-Jean-Baptiste Fête nationale du Québec, l’éloignant définitivement de la religion. Dans les années 1980 et 1990, les célébrations deviennent très politisées à la suite des premier et deuxième référendums sur la souveraineté du Québec (voir : Référendum québécois (1980) ; Référendum québécois (1995)). Au fil du temps, la Fête nationale a accueilli les différentes communautés qui composent la société québécoise et embrassé leurs apports culturels et artistiques.

René Lévesque

Pour commémorer la fête religieuse d’antan, des messes sont encore célébrées le matin du 24 juin et lors du Solstice des Nations, une cérémonie traditionnelle organisée dans le cadre de la Journée nationale des Autochtones, le 21 juin. Les braises du feu de l’amitié tenu lors de cet événement servent ensuite à allumer un grand feu de joie sur les plaines d’Abraham, à Québec, dans la nuit du 23 juin.

C’est avec un enthousiasme renouvelé, année après année, que les Québécois célèbrent leur fête nationale avec plus de 750 célébrations organisées à travers la province les 23 et 24 juin. Organisées par près de 20 000 bénévoles, les festivités de la Fête nationale comprennent plus de 1 050 événements et 360 feux de joie, en plus de certains des plus grands rassemblements publics au Québec.

Hors Québec

Un certain nombre de communautés francophones hors Québec célèbrent également la Saint-Jean-Baptiste. Elle occupe une place importante dans le Festival franco-ontarien annuel d’Ottawa et est également célébrée dans l’Est de l’Ontario, dans de nombreuses villes du Nord de l’Ontario (comme Hearst et Kapuskasing), en Acadie et dans plusieurs communautés franco-manitobaines. Plusieurs associations francophones de la Colombie-Britannique (dont celles de Kamloops, Vancouver, Maillardville, Nelson et Victoria) organisent également des festivités de la Saint-Jean-Baptiste. À l’extérieur du Canada, les délégations du Québec à Paris, New York, Londres, Bruxelles, Mexico et Tokyo organisent également des célébrations.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *