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Georges-Eugène Haussmann

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Origines et début de carrièreEdit

Haussmann est né le 27 mars 1809, au 53 rue du Faubourg-du-Roule, dans le quartier Beaujon à Paris, fils de Nicolas-Valentin Haussmann et d’Ève-Marie-Henriette-Caroline Dentzel, tous deux de famille allemande. Son grand-père paternel Nicolas fut député à l’Assemblée législative et à la Convention nationale, administrateur du département de Seine-et-Oise et commissaire aux armées. Son grand-père maternel était général et député à la Convention nationale : Georges Frédéric Dentzel, baron du Premier Empire de Napoléon.

Il commence sa scolarité au collège Henri-IV et au lycée Condorcet à Paris, puis entreprend des études de droit. Parallèlement, il étudie la musique en tant qu’élève au Conservatoire de Paris, car il est un musicien de talent. Haussmann rejoint son père comme insurgé dans la Révolution de juillet 1830, qui dépose le roi Bourbon Charles X au profit de son cousin, Louis Philippe, duc d’Orléans.

Il se marie le 17 octobre 1838 à Bordeaux avec Octavie de Laharpe. Ils eurent deux filles : Henriette, qui épousa le banquier Camille Dollfus en 1860, et Valentine, qui épousa le vicomte Maurice Pernéty, chef d’état-major de son département, en 1865. Valentine divorce de Pernéty en 1891. Elle épouse ensuite Georges Renouard (1843-1897).

Le 21 mai 1831, Haussmann débute sa carrière dans l’administration publique ; il est nommé secrétaire général de la préfecture du département de la Vienne à Poitiers ; puis, le 15 juin 1832, il devient sous-préfet d’Yssingeaux. Bien qu’il se révèle un travailleur acharné et un bon représentant du gouvernement, son arrogance, ses manières dictatoriales et son habitude de gêner ses supérieurs lui valent d’être continuellement écarté de la promotion au poste de préfet. Il est affecté comme sous-préfet dans le département du Lot-et-Garonne à Nérac à partir du 9 octobre 1832, dans le département de l’Ariège à Saint-Girons le 19 février 1840 et dans le département de la Gironde à Blaye le 23 novembre 1841.

Ce n’est qu’après que la Révolution de 1848 ait balayé la Monarchie de Juillet, instaurant à sa place la Seconde République, que la fortune d’Haussmann change. Louis-Napoléon Bonaparte, le neveu de Napoléon Bonaparte, devient le premier président élu de la France en 1848. Haussmann se rend à Paris en janvier 1849 pour rencontrer le ministre de l’Intérieur et le nouveau président. Considéré comme un fidèle de la fonction publique de la Monarchie de Juillet, Louis Napoléon lui accorde, peu après leur rencontre, une promotion comme préfet du Var à Draguignan. Il devient préfet du département de l’Yonne en 1850, et en 1851 est nommé préfet de la Gironde à partir de Bordeaux.

En 1850, Louis Napoléon lance un ambitieux projet visant à relier le Louvre à l’Hôtel de Ville de Paris en prolongeant la rue de Rivoli et à créer un nouveau parc, le bois de Boulogne, à la périphérie de la ville, mais il est exaspéré par la lenteur des progrès réalisés par le préfet de la Seine en exercice, Jean-Jacques Berger. Louis-Napoléon est très populaire, mais la constitution de la Seconde République française l’empêche de se représenter. Bien qu’il dispose de la majorité des voix du corps législatif, il n’a pas la majorité des deux tiers nécessaire pour modifier la constitution. Fin décembre 1851, il organise un coup d’État et, en 1852, se déclare empereur des Français sous le titre de Napoléon III. Un plébiscite en novembre 1852 approuve massivement l’accession au trône de Napoléon, et il se met rapidement à la recherche d’un nouveau préfet de la Seine pour mener à bien son programme de reconstruction de Paris.

Le ministre de l’Intérieur de l’empereur, Victor de Persigny, interroge les préfets de Rouen, Lille, Lyon, Marseille et Bordeaux pour le poste de Paris. Dans ses mémoires, il décrit son entretien avec Haussmann :

« C’est Monsieur Haussmann qui m’a le plus impressionné. C’était une chose étrange, mais c’était moins ses talents et sa remarquable intelligence qui m’attiraient, que les défauts de son caractère. J’avais devant moi un des hommes les plus extraordinaires de notre temps ; grand, fort, vigoureux, énergique, et en même temps habile et retors, avec un esprit plein de ressources. Cet homme audacieux n’avait pas peur de montrer qui il était. … Il m’a raconté toutes ses réalisations au cours de sa carrière administrative, sans rien omettre ; il aurait pu parler pendant six heures sans interruption, puisque c’était son sujet favori, lui-même. Je n’étais pas du tout mécontent. … Il me semblait qu’il était exactement l’homme qu’il me fallait pour lutter contre les idées et les préjugés de toute une école d’économie, contre les sournois et les sceptiques venus de la Bourse, contre ceux qui n’étaient pas très scrupuleux sur leurs méthodes ; il était l’homme qu’il fallait. Alors qu’un monsieur à l’esprit le plus élevé, le plus habile, au caractère le plus droit et le plus noble, échouerait inévitablement, ce vigoureux athlète… plein d’audace et d’habileté, capable d’opposer aux expédients de meilleurs expédients, aux pièges de plus habiles pièges, réussirait certainement. Je lui parlai des travaux de Paris et lui proposai de l’en charger. »

Persigny l’envoya à Napoléon III avec la recommandation qu’il était exactement l’homme qu’il fallait pour réaliser ses projets de rénovation de Paris. Napoléon le nomme préfet de la Seine le 22 juin 1853, et le 29 juin, l’empereur lui confie la mission de rendre la ville plus saine, moins encombrée et plus grande. Haussmann occupe ce poste jusqu’en 1870.

Reconstruction de ParisEdit

Article principal : La rénovation de Paris par Haussmann
L’avenue de l’Opéra, un des nouveaux boulevards créés par Napoléon III et Haussmann. Les nouveaux bâtiments sur les boulevards devaient tous avoir la même hauteur et le même dessin de base de façade, et être tous revêtus de pierre de couleur crème, donnant au centre ville son harmonie distinctive.

Napoléon III et Haussmann lancent une série d’énormes projets de travaux publics à Paris, embauchant des dizaines de milliers d’ouvriers pour améliorer l’assainissement, l’approvisionnement en eau et la circulation de la ville. Napoléon III a installé dans son bureau un immense plan de Paris, marqué de lignes de couleur aux endroits où il voulait que les nouveaux boulevards soient placés. Le système des boulevards était en partie prévu pour faciliter le déploiement des troupes et de l’artillerie, mais son objectif principal était d’aider à résoudre le problème de la circulation dans une ville et de relier entre eux ses bâtiments emblématiques. Lui et Haussmann se rencontraient presque tous les jours pour discuter des projets et surmonter les énormes obstacles et l’opposition auxquels ils étaient confrontés lors de la construction du nouveau Paris.

La population de Paris avait doublé depuis 1815, sans que sa superficie n’ait augmenté. Pour accueillir la population croissante et ceux qui seraient forcés de quitter le centre par les nouveaux boulevards et places que Napoléon III prévoyait de construire, il publia un décret annexant onze communes environnantes, et augmentant le nombre d’arrondissements de douze à vingt, ce qui agrandit la ville jusqu’à ses limites modernes.

Pendant les presque deux décennies du règne de Napoléon III, et pendant une décennie après, la majeure partie de Paris était un énorme chantier. Pour apporter de l’eau douce à la ville, son ingénieur hydraulique, Eugène Belgrand, construit un nouvel aqueduc pour amener de l’eau propre de la Vanne en Champagne, et un nouveau réservoir immense près du futur Parc Montsouris. Ces deux ouvrages font passer l’alimentation en eau de Paris de 87 000 à 400 000 mètres cubes d’eau par jour. Il pose des centaines de kilomètres de canalisations pour distribuer l’eau dans toute la ville, et construit un second réseau, utilisant les eaux moins propres de l’Ourq et de la Seine, pour laver les rues et arroser le nouveau parc et les jardins. Il a complètement reconstruit les égouts de Paris, et a installé des kilomètres de tuyaux pour distribuer le gaz pour des milliers de nouveaux lampadaires le long des rues de Paris.

Dès 1854, dans le centre de la ville, les ouvriers d’Haussmann ont démoli des centaines de vieux bâtiments et ont coupé quatre-vingts kilomètres de nouvelles avenues, reliant les points centraux de la ville. Les bâtiments situés le long de ces avenues devaient avoir la même hauteur et le même style, et être revêtus de pierres de couleur crème, créant ainsi l’aspect uniforme des boulevards parisiens. Victor Hugo mentionnait qu’il était à peine possible de distinguer à quoi servait la maison en face de soi : théâtre, boutique ou bibliothèque. Haussmann a réussi à reconstruire la ville en 17 ans.  » Selon sa propre estimation, les nouveaux boulevards et les espaces libres ont déplacé 350 000 personnes ; […] en 1870, un cinquième des rues du centre de Paris étaient sa création ; il avait dépensé […] 2,5 milliards de francs pour la ville ; […] un ouvrier parisien sur cinq était employé dans le bâtiment « .

Pour relier la ville au reste de la France, Napoléon III construit deux nouvelles gares ferroviaires : la gare de Lyon (1855) et la gare du Nord (1864). Il a achevé les Halles, le grand marché de produits en fer dans du verre au centre de la ville, et a construit un nouvel hôpital municipal, l’Hôtel-Dieu, à la place de bâtiments médiévaux en ruine sur l’île de la Cité. L’emblème architectural est l’Opéra de Paris, le plus grand théâtre du monde, conçu par Charles Garnier, qui couronne le centre du nouveau Paris de Napoléon III. Lorsque l’impératrice Eugénie vit la maquette de l’opéra et demanda à l’architecte quel en était le style, Garnier répondit simplement :  » Napoléon III. « 

Napoléon III voulait également construire de nouveaux parcs et jardins pour la récréation et la détente des Parisiens, en particulier ceux des nouveaux quartiers de la ville en expansion.

Les nouveaux parcs de Napoléon III s’inspirent de ses souvenirs des parcs de Londres, notamment Hyde Park, où il s’était promené en calèche pendant son exil ; mais il veut construire à une échelle beaucoup plus grande. En collaboration avec Haussmann et Jean-Charles Adolphe Alphand, l’ingénieur qui dirige le nouveau Service des Promenades et Plantations, il établit un plan pour quatre grands parcs aux points cardinaux de la ville. Des milliers d’ouvriers et de jardiniers se mettent à creuser des lacs, à construire des cascades, à planter des pelouses, des parterres, des arbres, à construire des chalets et des grottes. Napoléon III crée le bois de Boulogne (1852-1858) à l’ouest de Paris : le bois de Vincennes (1860-1865) à l’est ; le parc des Buttes-Chaumont (1865-1867) au nord, et le parc Montsouris (1865-1878) au sud.

En plus de la construction des quatre grands parcs, Haussmann fait réaménager et replanter les parcs plus anciens de la ville, notamment le parc Monceau, ancienne propriété de la famille d’Orléans, et le Jardin du Luxembourg. Il a également créé une vingtaine de petits parcs et jardins dans les quartiers, comme des versions miniatures de ses grands parcs. Alphand qualifie ces petits parcs de « salons verts et fleuris ». L’intention du plan de Napoléon était d’avoir un parc dans chacun des quatre-vingts quartiers de Paris, de sorte que personne ne se trouve à plus de dix minutes de marche d’un tel parc. Les parcs connurent un succès immédiat auprès de toutes les classes de Parisiens.

« Baron Haussmann « Edit

Pour remercier Haussmann de son travail, Napoléon III proposa en 1857 de faire d’Haussmann un membre du Sénat français et de lui donner un titre honorifique, comme il l’avait fait pour certains de ses généraux. Haussmann demande le titre de baron, qui, comme il le dit dans ses mémoires, était le titre de son grand-père maternel, Georges Frédéric, baron Dentzel, général sous le premier Napoléon, dont Haussmann est le seul descendant mâle vivant. Selon ses mémoires, il a plaisanté en disant qu’il pourrait envisager le titre d’aqueduc (un jeu de mots sur les mots français pour « duc » et « aqueduc ») mais qu’un tel titre n’existait pas. Cet usage de baron, cependant, n’était pas officiellement sanctionné, et il restait, légalement, Monsieur Haussmann.

DéchéanceEdit

Pendant la première moitié du règne de Napoléon III, le corps législatif français n’avait que très peu de pouvoir réel ; toutes les décisions étaient prises par l’Empereur. À partir de 1860, cependant, Napoléon décide de libéraliser l’Empire et de donner un réel pouvoir aux législateurs. Les membres de l’opposition au Parlement dirigent de plus en plus leurs critiques à l’égard de Napoléon III vers Haussmann, critiquant ses dépenses et son attitude autoritaire envers le Parlement.

Le coût des projets de reconstruction augmente également rapidement. En décembre 1858, le Conseil d’État décida qu’un propriétaire dont le terrain était exproprié pouvait conserver le terrain qui n’était pas spécifiquement nécessaire pour la rue, ce qui augmenta considérablement le coût des expropriations. Les propriétaires sont également devenus beaucoup plus astucieux pour réclamer des paiements plus élevés pour leurs bâtiments, souvent en créant des boutiques et des entreprises fictives dans leurs bâtiments. Le coût des expropriations passe de 70 millions de francs pour les premiers projets à environ 230 millions de francs pour la seconde vague de projets. En 1858, la Cour des Comptes, qui surveille les finances de l’Empire, juge que les Caisses des Grands Travaux fonctionnent illégalement en faisant des « prêts déguisés » à des sociétés privées. La Cour a décidé que de tels prêts devaient être approuvés par le Parlement. Le Parlement est appelé à approuver un prêt de 250 millions de francs en 1865, et un autre de 260 millions de francs en 1869. Les membres de l’opposition sont particulièrement indignés lorsqu’en 1866, il supprime une partie du Luxembourg pour faire place à la nouvelle avenue entre les jardins du Luxembourg et l’Observatoire, et détruit l’ancienne pépinière de jardins qui se trouvait entre la rue August Comte, la rue d’Assas et l’avenue de l’Observatoire. Lorsque l’Empereur et l’Impératrice assistent à une représentation au théâtre de l’Odéon, près des jardins du Luxembourg, des membres du public crient « Renvoyez Haussmann ! » et raillent l’Empereur. Néanmoins, l’Empereur a soutenu Haussmann.

L’un des chefs de file de l’opposition parlementaire à Napoléon, Jules Ferry, a ridiculisé les pratiques comptables d’Haussmann sous le titre Les Comptes fantastiques de Haussmann, ou « The fantastic accounts of Haussmann », en 1867. L’opposition républicaine à Napoléon III remporte de nombreux sièges parlementaires lors des élections de 1869 et multiplie les critiques à l’encontre d’Haussmann. Napoléon III cède aux critiques et nomme un chef de l’opposition et féroce critique d’Haussmann, Emile Ollivier, comme nouveau premier ministre. Haussmann est invité à démissionner. Haussmann refuse de démissionner et est relevé de ses fonctions par l’Empereur. Six mois plus tard, pendant la guerre franco-allemande, Napoléon III est capturé par les Allemands, et l’Empire est renversé.

Dans ses mémoires, Haussmann a eu ce commentaire sur sa révocation :  » Aux yeux des Parisiens, qui aiment la routine dans les choses, mais qui sont changeants quand il s’agit des personnes, j’ai commis deux grands torts ; pendant dix-sept ans, j’ai dérangé leurs habitudes quotidiennes en mettant Paris sens dessus dessous, et ils ont dû regarder le même visage du préfet à l’Hôtel de Ville. Ce sont là deux plaintes impardonnables. »

Après la chute de Napoléon III, Haussmann passe environ un an à l’étranger, mais il revient dans la vie publique en 1877, lorsqu’il devient député bonapartiste d’Ajaccio. Ses dernières années sont occupées par la préparation de ses Mémoires (trois volumes, 1890-1893).

MortModification

Haussmann meurt à Paris le 11 janvier 1891 à l’âge de 82 ans et est enterré au cimetière du Père Lachaise. Son épouse, Louise-Octavie de la Harpe, était décédée à peine dix-huit jours plus tôt. Au moment de leur décès, ils résidaient dans un appartement au 12 rue Boissy d’Anglas, près de la place de la Concorde. Le testament transfère leurs biens à la famille de leur seule fille survivante, Valentine Haussmann.

  • Georges-Eugène Haussmann et Napoléon III officialisent l’annexion de onze communes autour de Paris à la Ville. Cette annexion fait passer la taille de la ville de douze à vingt arrondissements actuels. Peinture d’Adolphe Yvon

  • L’Opéra de Paris était la pièce maîtresse du nouveau Paris de Napoléon III. L’architecte, Charles Garnier, a décrit le style simplement comme « Napoléon III ».

  • Le Bois de Boulogne, construit par Napoléon III et Haussmann entre 1852 et 1858, a été conçu pour donner un lieu de détente et de loisirs à toutes les classes de Paris.

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