Articles

Halacha : les lois de la vie juive

Posted on

La racine du terme hébreu utilisé pour désigner la loi juive, halacha, signifie « aller » ou « marcher ». La halacha est donc la « façon » dont un Juif doit se comporter dans tous les aspects de la vie, englobant le droit civil, pénal et religieux.

Le fondement du judaïsme est la Torah (les cinq premiers livres de la Bible hébraïque, parfois appelés « les cinq livres de Moïse »). « Torah » signifie « instruction » ou « enseignement », et comme tout enseignement, il nécessite une interprétation et une application. La tradition juive enseigne que Moïse a reçu la Torah de Dieu au mont Sinaï. La Torah regorge d’instructions, de directives, de statuts, de lois et de règles. La plupart s’adressent aux Israélites, d’autres à l’ensemble de l’humanité.

Ecriture et parole

Les paroles de la Torah constituent ce que la tradition rabbinique appelle la Torah écrite. Cependant, à partir d’environ 400 avant notre ère, des enseignements ont émergé, fondés sur la Torah ou liés à elle, mais qui ne ressortent pas littéralement du texte. Ce corps d’enseignement est connu sous le nom de Torah orale, et les sources rabbiniques affirment qu’il a également été révélé au Sinaï. La Halacha proprement dite commence avec cette « Torah orale »

Certaines lois de la Torah nécessitaient des procédures pour leur observance qui n’étaient pas explicites. Parfois, les conditions dans lesquelles vivaient les Juifs étaient si différentes des périodes précédentes que les anciens rabbins ont simplement édicté de nouvelles règles en respectant les lois de la Torah. Ce processus d’élaboration, d’interprétation, de modification et de promulgation de règles de conduite est la manière dont la halacha se développe. Les rabbins du judaïsme talmudique classique ont élaboré un système de principes herméneutiques permettant d’interpréter les mots de la Torah écrite.

A mesure que les enseignements rabbiniques se multipliaient, il était nécessaire de les consigner par écrit, de peur qu’ils ne soient oubliés. Vers l’an 200 de notre ère, la Mishna, le plus ancien recueil de la loi juive, est apparue. Il est devenu le programme de l’enseignement rabbinique. Vers 425 de notre ère, les traditions interprétatives des rabbins de la Terre d’Israël sont compilées, formant le Talmud Yerushalmi (Talmud palestinien).

Un autre Talmud, le « Bavli » (Talmud babylonien), est compilé dans l’Empire perse un siècle plus tard. Il présente des condensés des divers enseignements de plusieurs générations de rabbins sur des questions de droit et d’autres sujets. Bien qu’il omette fréquemment de préciser quelle opinion citée fait autorité, il est néanmoins devenu l’arbitre universellement accepté de la halachah et le sujet de nombreux commentaires approfondis.

Les leaders et les chercheurs

À chaque époque, des enseignants et des penseurs juifs exceptionnels ont émergé et sont devenus les leaders rabbiniques de leurs communautés. Des individus, y compris d’autres rabbins, leur envoyaient des questions sur la bonne observance du judaïsme ou sur des sujets de pensée juive. Ce corpus de questions et de réponses (teshuvot, ou responsa), conservé à travers les âges, est également une source importante de halacha.

Au Moyen Âge, le corpus d’écrits juridiques juifs était si volumineux qu’il fallait faire preuve d’une grande perspicacité érudite pour pouvoir déterminer exactement quelle était la halacha sur de nombreux points. Des recueils de la loi juive ont été rédigés pour résumer le débat et rendre une décision. L’un des plus complets et des plus influents d’entre eux, le Mishneh Torah de Maïmonide, a été compilé au XIe siècle. Au XVIe siècle, le rabbin séfarade Joseph Caro a élaboré un manuel de halacha, le Shulhan Arukh (« Table préparée »). Complété par les commentaires du rabbin Moses Isserles, le principal rabbin polonais de l’époque, le Choulhan Aroukh est devenu la norme mondiale de la halacha, faisant autorité (même si ce n’est pas l’autorité finale) encore aujourd’hui aux yeux des juifs pratiquants du monde entier.

Historiquement, dans la loi juive, l’opinion majoritaire prévalait. Si l’opinion majoritaire devenait généralement la pratique acceptée, dans certaines circonstances, les rabbins ultérieurs pouvaient s’appuyer sur une opinion minoritaire pour trancher une question difficile. Au haut Moyen Âge, la plupart des communautés juives reconnaissaient chacune un rabbin comme l’arbitre de la loi juive dans cette communauté.

Modernité et Halacha

Ce système s’est effondré avec l’apparition de la modernité au XVIIIe siècle, notamment en Europe occidentale. Des rabbins sont apparus qui voulaient « réformer » le judaïsme. Ils ont rejeté à la fois certains des enseignements et l’autorité des rabbins précédents dans de nombreuses questions de halacha.

Aujourd’hui, les descendants spirituels des traditionalistes et des réformateurs interprètent la loi juive selon leurs principes respectifs pour leurs communautés. De nombreux juifs rejettent la notion de loi juive comme contraignante, considérant la halacha comme un guide spirituel pour la vie juive. L’approche de la halacha est le facteur central qui différencie les mouvements religieux juifs aujourd’hui. La jurisprudence israélienne laïque traite la halacha comme une source de précédent valide et appréciée.

.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *