La lutte pour Cassino au début de 1944 fut l’une des batailles les plus brutales et les plus coûteuses impliquant les forces néo-zélandaises lors de la Seconde Guerre mondiale. Pour la division néo-zélandaise, ce point fort allemand situé au sud-est de Rome se révélera le prix le plus tragiquement insaisissable de la campagne d’Italie.
Le succès des Allemands à résister à l’offensive alliée le long de la ligne Gustav incite les Alliés à se concentrer sur la vallée du Liri, qui mène directement à Rome. Cependant, l’entrée de la vallée ne faisait qu’un peu plus de dix kilomètres de large et était surplombée par le Monte Cassino, haut de 500 mètres et surmonté d’un monastère bénédictin historique.
Le rêve d’un défenseur
Augmenté par le déploiement méticuleux des Allemands de champs de mines, de fortifications et d’inondations par démolition de butoirs, Cassino était le rêve d’un défenseur et le cauchemar d’une armée attaquante. La participation de la Nouvelle-Zélande à cette tâche difficile est due en partie à l’échec de la tentative de la 5e armée américaine de contourner la ligne de front allemande en organisant une attaque maritime à Anzio, au sud de Rome. Une première attaque des forces américaines sur Cassino en janvier s’était déjà heurtée à de lourdes pertes et à l’incapacité de percer jusqu’à la vallée du Liri.
Temporairement à la tête d’un corps néo-zélandais (une unité qui comprenait la division néo-zélandaise et la 4e division indienne), le lieutenant-général Sir Bernard Freyberg s’endurcit désormais, lui et ses forces, pour la bataille à venir. Désireux de minimiser les pertes, il demande un bombardement massif des défenses allemandes avant l’assaut de ses troupes. Comme cela incluait le monastère historique, la décision devait être approuvée directement par le commandant suprême des forces alliées en Méditerranée, le général Sir Harold Alexander. Le bombardement aérien qui s’ensuivit le 15 février mit à sac le monastère et ses environs.
La controverse sur cette décision persistera longtemps après la fin de la guerre. Tragiquement pour les soldats néo-zélandais qui attendaient, la plupart des défenseurs allemands ont survécu et ont exploité les ruines de la ville et du monastère pour créer un ensemble de défenses encore plus formidable.
L’attaque du 17 février
Ajoutant aux malheurs du corps néo-zélandais, le bombardement aérien a eu lieu un jour et demi avant que le corps ne soit prêt à monter une attaque. Ils ont néanmoins poursuivi leur plan, qui prévoyait que la division indienne attaque Cassino par le nord, tandis que les Néo-Zélandais devaient attaquer la ville par le sud dans l’espoir de percer une ouverture pour les Alliés dans la vallée du Liri. En raison de la démolition par les Allemands des digues au sud de Cassino, seul un bataillon néo-zélandais a pu traverser le Rapido inondé lors de l’attaque sud. Il revint au 28e bataillon (Māori) de lancer l’attaque sur la gare ferroviaire bien défendue au sud de la ville le 17 février.
En l’absence de Freyberg
Le commandant temporaire de la division néo-zélandaise à Cassino était le brigadier-général Howard Kippenberger. Le 2 mars 1944, il perd ses deux pieds à cause d’une mine antipersonnel et le commandement est transféré au brigadier G.B. Parkinson.
Après l’une des batailles les plus féroces et les plus coûteuses livrées par l’unité pendant la guerre, les hommes du bataillon s’emparent des positions dans et autour de la gare. Mais les ingénieurs tout aussi courageux qui les suivaient n’ont pas pu dégager un chemin à travers le terrain inondé pour les renforts. Sans soutien, les soldats Māori isolés ont été contraints de se retirer après une contre-attaque féroce de l’infanterie allemande soutenue par des chars. Plus de 150 des hommes du bataillon ont été tués, blessés ou capturés dans cette attaque ratée – le premier d’un certain nombre de revers pour la division à Cassino.
D’autres assauts échouent
Une série d’autres assauts courageux mais infructueux s’ensuit. Après un autre bombardement intensif, les forces néo-zélandaises se frayent un chemin dans la ville dévastée par le nord le 15 mars. Une fois encore, les Allemands opposent une résistance tenace à partir de positions cachées dans le dédale de décombres qu’était Cassino. En créant des positions idéales pour les tireurs d’élite ennemis et en empêchant l’accès du soutien blindé néo-zélandais, le bombardement de la ville s’est avéré contre-productif. Après huit jours de combat d’un bâtiment en ruines à l’autre, Freyberg décide que le coût est trop élevé et ordonne à ses troupes d’arrêter leur attaque. Peu après, début avril, la division néo-zélandaise se retire de la région de Cassino, après avoir subi 343 morts et plus de 600 blessés.
Cassino tombe finalement
Cassino tombe finalement en mai 1944 face aux troupes britanniques et polonaises, avec le soutien de l’artillerie néo-zélandaise. La ligne Gustav est enfin percée. Les forces alliées entrent dans Rome le 4 juin, deux jours avant le débarquement en Normandie. En raison du succès de l’invasion transmanche, la campagne d’Italie devient un théâtre d’opérations secondaire, sept divisions alliées étant redéployées en France en août 1944. L’objectif principal de la campagne d’Italie était désormais de détourner une partie de l’effort de guerre allemand et d’immobiliser des forces qui auraient pu être utilisées pour défendre la France et l’Allemagne elle-même.