Il existe de nombreuses façons pour les passionnés de l’espace de contribuer à notre compréhension du système solaire au-delà de notre planète : vous pouvez devenir astronaute, bien sûr, ou travailler dans l’ingénierie, ou dans le soutien technique et administratif. Ou, si des années d’études rigoureuses et de travail acharné ne sont pas vraiment votre truc, vous pouvez simplement rester au lit. Selon Kellie B. Gormly du Washington Post, la NASA, l’Agence spatiale européenne et le Centre aérospatial allemand recherchent des femmes pour rester alitées pendant deux mois dans le cadre d’une étude sur les effets de l’apesanteur.
La sortie dans l’espace est difficile pour le corps. Dès que les astronautes entrent en apesanteur, leurs fluides internes se déplacent des parties inférieures vers les parties supérieures de leur corps, ce qui entraîne un état appelé – selon les propres termes de la NASA – le syndrome « tête bouffie, pattes d’oiseau ». Plus un astronaute reste longtemps dans l’espace, plus les effets sur sa santé peuvent être graves. Les os humains perdent plus d’un pour cent de minéraux et de densité pour chaque mois passé en dehors de l’orbite terrestre. Les astronautes sont également exposés à des risques d’atrophie musculaire, de perte de volume sanguin et de déconditionnement cardiovasculaire, ce qui explique pourquoi ils doivent veiller à bien manger et à faire de l’exercice fréquemment. Si nous devons envoyer des astronautes dans l’espace pour de longues périodes, comme c’est le cas pour les futures missions vers la Lune et Mars, les scientifiques doivent s’assurer que ces missions peuvent se dérouler en toute sécurité. Et c’est là qu’interviennent les volontaires alités.
La position constamment allongée simule le comportement du corps humain en apesanteur, selon le Centre aérospatial allemand (abrégé en DLR en allemand). Les participants passeront leurs journées au lit, la tête inclinée à six degrés pour reproduire le déplacement des fluides corporels dans l’espace. Selon Rob Dozier de Motherboard, les agences spatiales offrent 16 500 euros, soit environ 18 500 dollars, aux sujets de l’étude.
Se faire payer pour rester allongé toute la journée peut sembler un travail de rêve, mais le concert est plus difficile qu’il n’y paraît. Les participants doivent tout faire au lit – « se laver, se doucher, aller aux toilettes, faire des activités de loisirs », précise le DLR. L’ennui peut s’installer rapidement, et « les participants sont encouragés à se fixer un objectif, comme apprendre une nouvelle langue ou suivre un cours en ligne », note la NASA. Leur régime alimentaire sera strictement contrôlé ; des friandises comme des crêpes seront servies, selon le DLR, mais elles seront préparées sans additifs ni édulcorants artificiels.
Pour compliquer les désagréments, les scientifiques feront des piqûres et des aiguillons pour recueillir des données, comme la fréquence cardiaque, la masse osseuse et l’absorption de nutriments. Les deux tiers des participants à l’étude tourneront chaque jour dans une « centrifugeuse humaine à bras court » au centre de recherche médicale aérospatiale :envihab du DLR à Cologne, en Allemagne, où se déroulent les recherches. L’objectif est de découvrir si la gravité artificielle peut prévenir ou contrecarrer les effets physiologiques de l’apesanteur.
La première phase de l’étude est déjà en cours ; selon Michelle Lou et Saeed Ahmed de CNN, 12 hommes et 12 femmes ont commencé l’essai mardi dernier. Pour la deuxième phase, les scientifiques recherchent des femmes âgées de 24 à 55 ans, qui ne fument pas, ont un poids santé et ont une connaissance pratique de l’allemand.
Mais qui voudrait participer à une telle expérience ? Selon la NASA, les études sur l’alitement ont tendance à attirer des personnes qui « cherchent un changement » et peuvent se permettre de se retirer de leur vie pendant plusieurs mois. Beaucoup d’entre elles sont désireuses de soutenir les développements futurs de l’exploration spatiale.
« Si des humains marchent un jour sur Mars ou vivent dans l’espace pendant de longues périodes, dit la NASA, c’est en partie, grâce aux volontaires de l’alitement. »