Contexte : Bien que la plupart des médecins soient conscients du potentiel d’abus et de revente des médicaments prescrits, peu de choses ont été faites pour le documenter. L’objectif de cette étude était de déterminer quels médicaments d’ordonnance ont une valeur de rue, quelle est cette valeur et pourquoi ces médicaments sont utilisés.
Méthodes : Une enquête transversale descriptive utilisant une technique d’entrevue semi-structurée a été menée pendant 2 jours de semaine (10 mars et 1er avril 1997) dans le Downtown Eastside de Vancouver. Un total de 58 utilisateurs et revendeurs de sédatifs/hypnotiques et de narcotiques sur ordonnance ont été approchés. Les informations recueillies comprenaient les caractéristiques démographiques des personnes interrogées, les noms communs de rue des drogues d’intérêt, ainsi que leur valeur et leur méthode d’utilisation.
Résultats : Trente-deux personnes ont accepté de participer à l’étude (taux de participation de 55%), dont 7 dealers. La fourchette de prix des médicaments sédatifs/hypnotiques était de 0,10 à 2 dollars. Pour les stupéfiants, la fourchette était beaucoup plus importante, de 0,25 à 75 dollars. L’analyse descriptive a permis d’identifier le prix minimum et maximum et le mode de chaque préparation. Parmi les stupéfiants faibles, le médicament index (le plus demandé dans la rue) était le Tylenol n°3 et parmi les stupéfiants plus puissants, le MS Contin 30 mg.
Interprétation : Une grande variété de médicaments sédatifs/hypnotiques et narcotiques sur ordonnance sont disponibles dans la rue. La majoration par rapport au coût de la pharmacie peut être considérable. Les facteurs qui influencent le prix sont l’inexpérience relative de l’acheteur, la disponibilité de stupéfiants illicites, l’offre actuelle de médicaments d’ordonnance dans la rue et le moment du mois (avant ou après la délivrance des chèques d’aide sociale).