Lorsque l’on considère le locuteur d’un morceau de poésie, l’une des premières choses à garder à l’esprit est que le poète peut ne pas être le locuteur. Il faut en tenir compte, ainsi que du ton, de l’humeur et des indices contextuels. Il est fort probable que le poète ait choisi d’écrire d’un point de vue qui n’est pas le sien. Il peut s’agir d’une personne ayant des expériences de vie très différentes. Il peut s’agir d’une personne qu’il connaît, d’un personnage historique ou d’une personne d’un sexe ou d’une race différente qui connaît le monde d’une manière qu’il ne peut pas connaître. En fait, sans les informations contextuelles appropriées, il est plus sûr de ne pas supposer qu’un poème est écrit du point de vue du poète.
Un parfait exemple de ce changement de perceptif qui joue peut être trouvé dans ‘Mother to Son’ de Langston Hughes. Considérez ces lignes du poème:
Bien, fils, je vais te dire:
La vie pour moi n’a pas été un escalier de cristal.
Il a eu des punaises dedans,
et des échardes,
et des planches arrachées,
Le narrateur de ce poème est une femme, une mère, qui s’adresse à son jeune fils. Elle passe en revue son histoire personnelle et l’utilise comme un exemple de la façon dont on peut rencontrer l’adversité dans la vie mais persévérer dans cette lutte. Un lecteur doit examiner l’humeur du texte, le dialecte du locuteur et la diction choisie par le poète afin de déterminer le type de locuteur qu’il utilise.
Autres exemples dans lesquels le poète endosse un rôle différent du sien :
- « The Arnolfini Marriage » de Paul Durcan
- « Writing in the Afterlife » de Billy Collins
- « The Wife’s Tale » de Seamus Heaney
- « Mrs. Midas’ de Carol Ann Duffy
Objet inanimé et locuteurs animaux
De même que le locuteur d’une pièce de poésie peut ne pas être le poète, il peut aussi ne même pas être humain. Il est loin d’être inhabituel pour un écrivain d’utiliser un animal ou un objet inanimé comme locuteur central ou narrateur d’un texte. Cela est souvent fait dans le but d’apporter une part de perception que le lecteur n’aurait peut-être pas envisagée auparavant. Alternativement, cela permet une nouvelle, ou nouvelle, prise sur une situation banale ou acceptée.
Un parfait exemple de ce type de locuteur à l’œuvre peut être trouvé dans ‘Bull Song’ de Margaret Atwood. Dans ce poème, Atwood utilise un taureau, plus précisément un taureau en Espagne qui est forcé de participer à une corrida comme locuteur. En raison de cette perspective, les thèmes de cette pièce ont un impact beaucoup plus fort que si un locuteur humain normal décrivait la situation critique de l’animal. Regardez ces lignes comme un exemple de la façon dont les propres mots du taureau font une différence dans la capacité du lecteur à comprendre sa vie quotidienne :
Je me tenais étourdi
avec le soleil et la colère,
le muscle du cou coupé,
le sang tombant de l’épaule entaillée.
La rage du taureau face à sa situation est lentement remplacée par la peur dans ces lignes. Il cherche désespérément à comprendre ce qui se passe. Au fur et à mesure que le poème se poursuit, il fait référence aux humains qui l’entourent comme étant les » dieux aux tendons de rouge et d’argent « . Seul le taureau est capable de dépeindre adéquatement sa propre peur et sa souffrance.
Autres exemples d’objets inanimés ou d’animaux utilisés totalement ou partiellement comme locuteurs :
- « Crow Song » de Margaret Atwood
- « Mirror » de Sylvia Plath
- « Classroom » de Dave Calder
Comment déterminer le locuteur dans la poésie
Il y a plusieurs façons différentes pour un lecteur de considérer qui est le locuteur, qu’il s’agisse du poète, d’un objet inanimé, d’un animal ou d’un autre être humain que le poète a ressenti le désir de canaliser. Dans le cas du poème de Hughes, « Mother to Son », le titre donne le nom du locuteur et, en lisant attentivement, Hughes fournit des indices sur l’identité du locuteur. L’attitude bienveillante et le désir d’enseigner et de protéger ressortent clairement comme parentaux.
« Bull Song » est légèrement différent. Le titre est encore plus important dans cette pièce car le texte lui-même ne dit jamais d’une manière ou d’une autre ce que parle un animal. Mais, grâce aux indices contextuels, un lecteur devrait se rendre compte de l’endroit où se trouve l’animal, de la torture qu’il endure et, par conséquent, de quel animal il s’agit.
Utiliser les informations contextuelles
Souvent, surtout avec des pièces d’écriture assez connues, le locuteur est très manifestement le poète. Par exemple, à la fin de 1912, le célèbre poète anglais Thomas Hardy a perdu sa femme, Emma. Elle est morte subitement, du moins aux yeux de Hardy. Il n’a eu connaissance de la maladie de sa femme qu’après son décès. Cela était en partie dû à leur séparation (bien qu’ils aient vécu dans la même maison) et en partie dû à la distance mentale qu’il avait avec elle, ce dont il parle dans ses poèmes.
Les spécialistes considèrent la période qui suit sa mort comme l’une de ses meilleures. Les poèmes qui ont été écrits et publiés en 1913 et 1914 parlent de sa réaction émotionnelle personnelle à son décès. Ils exposent également son état d’esprit fragile et son désespoir de la ramener auprès de lui. Ces poèmes explorent également la surprise et l’horreur qu’il a ressenties en apprenant qu’elle était morte sans qu’il ait pu lui dire au revoir. Parmi les exemples, citons « Rain on a Grave » et « Your Last Drive ». La documentation sur la vie de Hardy fournit aux universitaires et aux amateurs causals de poésie les informations dont ils ont besoin pour déterminer que oui, Hardy écrivait de son propre point de vue.
Les autres exemples qui proviennent directement de la propre perspective d’un poète comprennent :
- « Aux garçons qui pourraient un jour sortir avec ma fille » par Jesse Parent
- « La galerie municipale revisitée » par W.B. Yeats
- « L’éventail en dentelle noire que ma mère m’a donné » par Eavan Boland
- « Sur ma première fille » par Ben Jonson
.