Le grand Oliver Sacks, aujourd’hui décédé, était l’un des meilleurs communicateurs scientifiques du 20e siècle. Il a écrit une série étonnante de livres sur les maladies du cerveau et la façon dont elles nous aident à comprendre le fonctionnement d’un cerveau sain. L’un de ses livres les plus connus s’intitule « L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau » ; l’une des études de cas qu’il y présente est celle d’une femme qui ne pouvait percevoir une moitié du monde. Elle avait ce qu’on appelle une négligence hémispatiale, ou héminégligence.
L’héminégligence – et comment étudier la récupération de celle-ci
La patiente avait eu un accident vasculaire cérébral qui avait endommagé une partie de son cerveau droit, ce qui, en raison de l’anatomie du cerveau, signifiait qu’elle ignorait les signaux provenant du côté gauche. Étonnamment, ce n’était pas comme porter un cache-œil où vous savez que quelque chose est du côté gauche, mais vous ne pouvez pas le voir. C’était plutôt comme si ce côté du monde n’existait pas. Elle ne se maquille donc que d’un côté du visage et ne se brosse les cheveux que de ce côté. Cela ne concerne pas seulement le traitement des entrées sensorielles, mais le traitement de l’attention pour les entrées provenant de ce côté ; elles sont tout simplement ignorées.
D’autres études ont montré que cela fonctionne de la même manière pour les choses dont on se souvient ou qu’on imagine. On a demandé à des patients d’imaginer qu’ils se trouvaient sur une grande place publique, qu’ils connaissaient bien, et de décrire ce qu’ils voyaient. Ils ne pouvaient décrire que les choses d’un côté de la place.
Par exemple, s’ils imaginaient se tenir du côté sud, ils ne pouvaient dire que les magasins qui se trouvaient du côté est, à leur droite), mais s’ils s’imaginaient ensuite se tenir du côté opposé, ils ne pouvaient alors décrire que les choses de l’autre côté (par exemple, le côté ouest, lorsqu’ils imaginaient se tenir du côté nord).
Récupération de l’héminégligence
La négligence hémispatiale n’est pas toujours aussi grave que cela. Tout dépend des parties du cerveau qui ont été touchées par un accident vasculaire cérébral (ou une lésion) et de leur gravité. La description ci-dessus est basée sur les dommages causés à des parties spécifiques du lobe pariétal, qui a un certain nombre de fonctions importantes, notamment le traitement des entrées sensorielles et la régulation de la conscience et de l’attention.
La récupération est également possible. Des patients ont été entraînés à l’aide de diverses techniques pour apprendre à prêter attention à la moitié manquante (avec plus ou moins de succès) et les patients qui ont subi des accidents vasculaires cérébraux ou des lésions cérébrales récupèrent parfois.
Mesurer les effets
Si les patients victimes d’un accident vasculaire cérébral récupèrent, ils peuvent progressivement reprendre leur vie quotidienne normale. Cela n’est pas sans risque. S’ils traversent une route ou conduisent une voiture, la possibilité qu’ils ne soient pas conscients d’une moitié de la route ne mérite pas qu’on y pense. Évidemment, plus on comprendra le processus de récupération, mieux ce sera. Pour l’étudier correctement, les chercheurs ne veulent pas seulement effectuer des tests abstraits en laboratoire, mais aussi mesurer ce qui se passe dans des situations réelles. L’une de ces situations importantes consiste à examiner en détail le fonctionnement d’un patient victime d’un AVC lorsqu’il conduit.
Les chercheurs qui veulent réaliser ce genre d’étude sont confrontés à un certain nombre de défis, notamment le fait qu’il est trop risqué de mettre les patients victimes d’un AVC dans une vraie voiture sur la voie publique et que la conduite est un processus complexe. Heureusement, Noldus Information Technology est spécialisé dans la résolution de ce genre de défi de mesure et a pu apporter son aide.
Noldus a beaucoup d’expérience à la fois dans l’intégration, la synchronisation et l’analyse de données de capteurs multimodaux et également dans l’intégration avec des environnements virtuels tels qu’un simulateur de conduite.
DriveLab for health project
Dans le cadre du projet DriveLab for health, Noldus a développé un simulateur de conduite instrumenté adapté à la tâche. La solution a fourni un certain nombre de variables clés qui ont été affichées à l’équipe de recherche sur un tableau de bord spécial, notamment le temps de réaction (par exemple le temps de freinage après avoir vu un obstacle) et la qualité de la direction (mesurée comme la variation de la position par rapport à la route). Ces mesures ont été effectuées à l’aide d’un scénario de conduite spécialement créé par le WIVW, qui représentait une route de campagne calme avec des sections de route avec et sans lignes, avec et sans circulation en sens inverse, avec des animaux sauvages traversant la route, une voiture en panne et quelques voitures roulant devant.
La bonne nouvelle est que la solution développée a bien livré les résultats et dans un format utilisable par les chercheurs. Il semble que ce sera un outil prometteur pour la poursuite des études dans ce domaine important.
Reconnaissance
Le travail de développement du système de mesure des conducteurs a été, en partie, réalisé dans le cadre du projet DriveLab for Health en coopération avec le Dr. Lilian Beijer (Clinique Saint Maarten, Nimègue, Pays-Bas) et financés par le programme ACTTiVAte et les partenaires du projet.
ACTTiVAte a reçu un financement du programme de recherche et d’innovation Horizon 2020 de l’Union européenne dans le cadre de la convention de subvention Nº 691473.