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My Papa’s Waltz

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Chaque année, lorsque mes étudiants et moi discutons de la poésie du XXe siècle, je peux toujours compter sur « My Papa’s Waltz » de Theodore Roethke pour inspirer certaines des opinions les plus intéressantes et les plus contradictoires. Étonnamment, l’examen de cette œuvre assez brève et apparemment accessible initie généralement une conversation élaborée et parfois émotionnelle qui dépasse l’utilisation intelligente du rythme et le sens clair du son du poème pour aller dans le sens d’un débat animé sur la présence éventuelle de messages couvrant la maltraitance des enfants et l’alcoolisme.

Plutôt que de lire la poésie comme un hommage élégiaque d’un fils à son père, peut-être une déclaration d’amour tardive de l’orateur, beaucoup dans mes classes veulent condamner le père pour son comportement, en particulier pour la douleur qu’ils perçoivent qu’il inflige au jeune garçon dans le poème. Quelques-uns accusent également la mère dans l’œuvre d’agir presque comme une complice parce qu’elle est témoin de la bousculade sans intervenir pour arrêter les carambolages maladroits de son mari.

Lorsqu’on les presse de fournir des preuves de la violence qu’ils prétendent que Roethke présente, des phrases ou des images particulières sont notées. Les étudiants commencent par citer les deux premiers vers, qui établissent certainement l’ivresse. En outre, ils déclarent que le poème suggère des blessures physiques au petit garçon, dont l’oreille est éraflée par la boucle de son père et qui sent que son père le « bat ». La mère semble manifestement bouleversée, affirment les élèves, et ils se demandent si les articulations meurtries du père résultent d’une bagarre dans un bar. Enfin, ils concluent que l’allusion à la mort dans la première strophe ouvre le poème à une interprétation plus sombre, voire plus sinistre.

En consultant des collègues de mon université et d’ailleurs, je constate que cette réponse est une réaction assez courante chez un nombre croissant d’étudiants ainsi que chez certains universitaires. En effet, au cours des deux dernières décennies, alors que la société est de plus en plus consciente et alarmée par la maltraitance des enfants, et que les préoccupations concernant toutes les formes d’abus de substances psychoactives sont devenues plus importantes, on peut comprendre pourquoi une légion de lecteurs pourrait mettre l’accent sur ces questions dans leur analyse de « My Papa’s Waltz. »

Néanmoins, je me retrouve à plusieurs reprises à prendre la défense des parents dans le poème, non pas tant pour leurs actions ou inactions spécifiques, mais parce que je crois que nous devons également lire la pièce dans le contexte de son époque. À l’époque où ce poème a été écrit, à la fin des années 1940, les lecteurs n’auraient pas partagé les mêmes sensibilités sur ces questions que les lecteurs contemporains. Certainement, la définition de la maltraitance des enfants n’aurait pas été aussi large que celle exprimée par mes étudiants, et un homme rentrant chez lui avec du whisky dans l’haleine après une journée de travail n’aurait pas immédiatement suscité une grande inquiétude car cela n’aurait pas été très inhabituel.

Si nous passons à un autre cadre temporel et à un autre état d’esprit pour le personnage de la pièce basé sur l’autobiographie du poète, nous nous retirerions encore plus loin de quelques décennies, au début du XXe siècle. Roethke est né en 1908 et ne devait pas être très âgé au moment où ces actions ont pu se produire, puisque la taille du garçon ne s’étend que jusqu’à la taille de son père, et qu’il peut se tenir sur le dessus des chaussures de son père. De plus, nous savons que le travail du père dans une serre aurait expliqué la jointure battue et la saleté croûtée sur ses mains.

Donc, dans l’interprétation actuelle de ce poème par certains lecteurs, nous voyons un contraste entre les objections des lecteurs contemporains, répondant à l’intérieur de leurs propres perceptions d’une éducation parentale appropriée, et l’intention apparente de l’auteur d’honorer un souvenir plus agréable d’un incident agréable avec son père, même si ce n’était « pas facile ». Après tout, le poète appelle son père « papa », ce qui implique une plus grande affection. De plus, le choix du mot « romp » reflète un ton plus ludique. Les deux hommes dansent une version insouciante de la valse enjouée. En effet, l’utilisation de « beat » par le poète se rapporte au père qui garde le rythme musical pour leurs mouvements, et cela préfigure peut-être la propre compréhension éventuelle du rythme par le poète, comme en témoigne le poème lui-même, qui utilise principalement une ligne trimètre iambique pour faire écho au rythme musical dans une composition de valse et peut-être imiter le balancement des danseurs de valse.

Quand on se souvient que le père de Theodore Roethke est mort alors que le poète n’avait que quatorze ans, et que cette perte a semblé avoir un impact sur une grande partie de la vie ultérieure de Roethke ainsi que sur son écriture, la mention de la mort semble encore plus élégiaque. En effet, lorsqu’on retrouve des vers similaires dans la première et la dernière strophe (« I hung on like death » et « still clinging to your shirt »), on peut penser que la mort du père est préfigurée et que le fils ne veut pas laisser partir le père malgré une possible douleur, même des décennies plus tard lorsque Roethke écrit le poème.

Dans tous les cas, on pourrait soutenir que les lectures concurrentes de ce poème permettent une expérience plus riche et plus enrichissante du souvenir lyrique de Roethke, et que les conclusions contradictoires aident tous à évoquer une image plus obsédante. En tant que personne qui apprécie l’ambiguïté dans toutes les formes d’art, que ce soit dans un poème de Roethke ou dans le final de The Sopranos, je suggère « My Papa’s Waltz » pour ce week-end de fête des pères, et je recommande un plaisir supplémentaire en écoutant la lecture du poème par Theodore Roethke.

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