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Qui était Janus, le dieu romain des commencements et des fins ?

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Le 1er janvier peut être un jour de regret et de réflexion – avais-je vraiment besoin de ce cinquième verre de bulles hier soir ? – mêlé d’espoir et d’optimisme pour l’avenir, alors que nous faisons des plans pour renouveler nos abonnements à la salle de sport ou pour enfin trier nos dossiers fiscaux. Ce rituel de janvier, qui consiste à regarder en avant et en arrière, est approprié pour le premier jour d’un mois qui porte le nom de Janus, le dieu romain des débuts et des fins.

Le gardien des cieux

Dans la mythologie romaine, Janus était un roi du Latium (région de l’Italie centrale), qui avait son palais sur la colline du Janiculum, sur la rive occidentale du Tibre. Selon l’intellectuel romain Macrobe, Janus recevait les honneurs divins en raison de sa propre dévotion religieuse, car il donnait un exemple pieux à tout son peuple.

Monnaie romaine représentant le Janus à deux têtes. Wikimedia Commons

Janus était fièrement vénéré comme un dieu uniquement romain, plutôt qu’un dieu adopté du panthéon grec. Toutes les formes de transition étaient de son ressort : les débuts et les fins, les entrées, les sorties et les passages. Le nom de Janus (Ianus en latin, car l’alphabet n’avait pas de j) est étymologiquement lié à ianua, le mot latin pour porte. Janus lui-même était l’ianitor, ou gardien de la porte, des cieux.

La statue cultuelle de Janus représentait le dieu barbu avec deux têtes. Cela signifiait qu’il pouvait voir en avant et en arrière, à l’intérieur et à l’extérieur simultanément sans se retourner. Janus tenait un bâton dans sa main droite, afin de guider les voyageurs sur le bon chemin, et une clé dans sa main gauche pour ouvrir les portes.

Guerre et paix

Sanctuaire de Janus, tel que représenté sur une pièce de monnaie de l’empereur Néron. Wikimedia Commons

Janus est célèbrement associé à la transition entre la paix et la guerre. Numa, le légendaire deuxième roi de Rome, réputé pour sa piété religieuse, aurait fondé un sanctuaire à Janus Geminus (« double ») dans le Forum romain, près du Sénat. Il était situé à l’endroit où Janus avait fait jaillir une source d’eau chaude bouillante afin de déjouer une attaque des Sabins contre Rome.

Le sanctuaire était une enceinte formée par deux portes arquées à chaque extrémité, reliées entre elles par des murs pour former un passage. Une statue en bronze de Janus se dressait au milieu, avec une tête tournée vers chaque porte. Selon l’historien Tite-Live, Numa destinait le sanctuaire :

comme un indice de paix et de guerre, qui, lorsqu’il était ouvert, pouvait signifier que la nation était en armes, lorsqu’il était fermé que tous les peuples alentour étaient pacifiés.

Les portes de Janus seraient restées fermées pendant 43 ans sous Numa, mais l’auraient rarement été par la suite, bien que le premier empereur Auguste se soit vanté d’avoir fermé le sanctuaire à trois reprises. Néron célébra plus tard sa conclusion de la paix avec la Parthie en frappant des pièces de monnaie montrant les portes de Janus fermement fermées.

Bonne année

Le Dieu Janus par Sebastian Münster, 1550. Wikimedia Commons

Les Romains croyaient que le mois de janvier avait été ajouté au calendrier par Numa. L’association entre Janus et le calendrier a été cimentée par la construction de 12 autels, un pour chaque mois de l’année, dans le temple de Janus dans le Forum Holitorium (le marché aux légumes). Le poète Martial décrivait ainsi Janus comme « le géniteur et le père des années ».

À partir de 153 av. J.-C., les consuls (les principaux magistrats de la République) prenaient leurs fonctions le premier jour de janvier (que les Romains appelaient les Kalendes). Les nouveaux consuls offraient des prières à Janus, et les prêtres dédiaient au dieu de l’épeautre mélangé à du sel et un gâteau d’orge traditionnel, appelé ianual. Les Romains distribuaient des cadeaux de Nouvel An composés de dattes, de figues et de miel à leurs amis, dans l’espoir que l’année à venir se révèle douce, ainsi que des pièces de monnaie – signe de prospérité espérée.

Janus assumait un rôle clé dans tous les sacrifices publics romains, recevant l’encens et le vin en premier avant les autres divinités. Cela s’explique par le fait que, en tant que gardien des cieux, Janus était la voie par laquelle on accédait aux autres dieux, voire à Jupiter lui-même. Le texte Sur l’agriculture, écrit par Caton l’Ancien, décrit comment les offrandes étaient faites à Janus, Jupiter et Junon dans le cadre du sacrifice précédant la récolte pour assurer une bonne récolte.

Alors, si vous vous sentez pris entre deux mondes ce 1er janvier, pourquoi ne pas sortir et célébrer à la romaine ? Emballez quelques bonbons à partager, prenez vos clés et fermez la porte à 2017.

Demain : Explicatif : les dieux derrière les jours de la semaine.

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