Dossier mythiqueEdit
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La trace des premiers temps de Thèbes a été conservée chez les Grecs dans une masse abondante de légendes qui rivalisent avec les mythes de Troie par leur vaste ramification et l’influence qu’elles ont exercée sur la littérature de l’âge classique. On peut distinguer cinq cycles principaux de récit :
- La fondation de la citadelle Cadméa par Cadmus, et la croissance des Spartoi ou « Hommes semés » (probablement un mythe étiologique destiné à expliquer l’origine de la noblesse thébaine qui portait ce nom à l’époque historique).
- L’immolation de Sémélé et l’avènement de Dionysos.
- La construction d’un mur « à sept portes » par Amphion, et les histoires cognées de Zéthée, Antiope et Dircé.
- Le récit de Laïos, dont les méfaits culminent dans la tragédie d’Œdipe et les guerres des Sept contre Thèbes et les Épigones, et la chute de sa maison ; le viol pédérastique de Chrysippe par Laïos est considéré par certains anciens comme le premier cas d’homosexualité chez les mortels, et peut avoir fourni une étiologie à la pratique de la pédérastie pédagogique pour laquelle Thèbes était célèbre. Voir Pédérastie thébaine et Pédérastie dans la Grèce antique pour une discussion détaillée et le contexte.
- Les exploits d’Héraclès.
Les Grecs ont attribué la fondation de Thèbes à Cadmus, un roi phénicien de Tyr (aujourd’hui au Liban) et le frère de la reine Europe. Cadmus était célèbre pour avoir enseigné l’alphabet phénicien et construit l’Acropole, qui a été nommée la Cadmeia en son honneur et était un centre intellectuel, spirituel et culturel.
Histoire ancienneModification
Les fouilles archéologiques menées à Thèbes et dans ses environs ont révélé des tombes cistes datées de l’époque mycénienne contenant des armes, de l’ivoire et des tablettes écrites en linéaire B. Ses formes de nom attestées et les termes pertinents sur les tablettes trouvées localement ou ailleurs comprennent 𐀳𐀣𐀂, te-qa-i, compris comme devant être lu comme *Tʰēgʷai̮s (grec ancien : Θήβαις, Thēbais, c’est-à-dire » à Thèbes « , c’est-à-dire » à l’intérieur de la ville « ).e. « à Thèbes », Thèbes dans le cas datif-locatif), 𐀳𐀣𐀆, te-qa-de, pour *Tʰēgʷasde (Θήβασδε, Thēbasde, c’est-à-dire « à Thèbes »), et 𐀳𐀣𐀊, te-qa-ja, pour *Tʰēgʷaja (Θηβαία, Thēbaia, i.e. « femme thébaine »).
Il semble sûr d’en déduire que *Tʰēgʷai fut l’une des premières communautés grecques à être rassemblées au sein d’une ville fortifiée, et qu’elle devait son importance à la préhistoire – comme plus tard – à sa puissance militaire. Deger-Jalkotzy a affirmé que le socle de statue provenant de Kom el-Hetan dans le royaume d’Amenhotep III (LHIIIA:1) mentionne un nom similaire à celui de Thèbes, épelé de façon quasi-syllabique en hiéroglyphes sous la forme d-q-e-i-s, et considéré comme l’un des quatre royaumes tj-n3-jj (Danaan ?) dignes d’intérêt (aux côtés de Knossos et Mycènes). *Tʰēgʷai au LHIIIB a perdu le contact avec l’Égypte mais l’a gagné avec » Miletus » (Hittite : Milawata) et » Chypre » (Hittite : Alashija). À la fin du LHIIIB, selon Palaima, *Tʰēgʷai était en mesure de tirer des ressources de Lamos, près du mont Helicon, et de Karystos et Amarynthos sur le côté grec de l’île d’Eubée.
En tant que communauté fortifiée, elle attirait l’attention des Doriens envahisseurs, et le fait de leur éventuelle conquête de Thèbes se cache derrière les récits des attaques légendaires successives de cette ville.
La position centrale et la sécurité militaire de la ville tendaient naturellement à l’élever à une position dominante parmi les Béotiens, et dès les premiers jours, ses habitants s’efforcèrent d’établir une suprématie complète sur leurs proches dans les villes périphériques. Cette politique centralisatrice est autant le fait cardinal de l’histoire thébaine que l’effort contraire des petites villes pour résister à l’absorption constitue le chapitre principal de l’histoire de la Béotie. Aucun détail de l’histoire antérieure de Thèbes n’a été conservé, si ce n’est qu’elle était gouvernée par une aristocratie terrienne qui sauvegardait son intégrité par des statuts rigides concernant la propriété des biens et leur transmission dans le temps.
Périodes archaïque et classiqueModification
Comme l’atteste déjà l’Iliade d’Homère, Thèbes était souvent appelée » Thèbes aux sept portes » (Θῆβαι ἑπτάπυλοι, Thebai heptapyloi) (Iliade, IV.406.) pour la distinguer de » Thèbes aux cent portes » (Θῆβαι ἑκατόμπυλοι, Thebai hekatompyloi) en Égypte (Iliade, IX.383).
À la fin du VIe siècle av, les Thébains furent mis pour la première fois en contact hostile avec les Athéniens, qui aidèrent le petit village de Plataea à maintenir son indépendance contre eux, et repoussèrent en 506 av. J.-C. une incursion en Attique. L’aversion pour Athènes est le meilleur moyen d’expliquer l’attitude apparemment antipatriotique de Thèbes lors de l’invasion de la Grèce par les Perses (480-479 av. J.-C.). Bien qu’un contingent de 400 personnes ait été envoyé aux Thermopyles et qu’il y soit resté avec Léonidas avant d’être vaincu aux côtés des Spartiates, l’aristocratie dirigeante s’est peu après ralliée avec empressement au roi de Perse Xerxès Ier et a combattu avec zèle en son nom lors de la bataille de Platée en 479 av. Les Grecs victorieux punissent ensuite Thèbes en la privant de la présidence de la Ligue béotienne et une tentative des Spartiates pour l’expulser de l’amphictyonie de Delphes n’est mise en échec que par l’intercession d’Athènes.
En 457 av. J.-C., Sparte, ayant besoin d’un contrepoids contre Athènes en Grèce centrale, revient sur sa politique et rétablit Thèbes comme puissance dominante en Béotie. La grande citadelle de Cadméa remplit bien cette fonction en servant de base de résistance lorsque les Athéniens envahissent et occupent le reste du pays (457-447 av. J.-C.). Au cours de la guerre du Péloponnèse, les Thébains, aigris par le soutien qu’Athènes apportait aux petites villes béotiennes, et notamment à Platée, qu’ils tentèrent vainement de réduire en 431 avant J.-C., furent de solides alliés de Sparte, qui les aida à assiéger Platée et leur permit de détruire la ville après sa capture en 427 avant J.-C. En 424 avant J.-C., à la tête de la levée béotienne, ils infligèrent une sévère défaite à une force d’invasion d’Athéniens à la bataille de Delium, et montrèrent pour la première fois les effets de cette ferme organisation militaire qui les éleva finalement au rang de puissance prédominante en Grèce.
Après la chute d’Athènes à la fin de la guerre du Péloponnèse, les Thébains, ayant appris que Sparte entendait protéger les États que Thèbes souhaitait annexer, rompirent l’alliance. En 404 avant J.-C., ils avaient préconisé la destruction complète d’Athènes ; pourtant, en 403 avant J.-C., ils ont secrètement soutenu la restauration de sa démocratie afin d’y trouver un contrepoids contre Sparte. Quelques années plus tard, influencés peut-être en partie par l’or perse, ils formèrent le noyau de la ligue contre Sparte. Lors de la bataille d’Haliartus (395 av. J.-C.) et de la bataille de Coronea (394 av. J.-C.), ils prouvèrent à nouveau leur capacité militaire croissante en tenant tête aux Spartiates. Le résultat de la guerre est particulièrement désastreux pour Thèbes, car le règlement général de 387 av. J.-C. stipule l’autonomie complète de toutes les villes grecques et soustrait ainsi les autres Béotiens à son contrôle politique. Son pouvoir fut encore réduit en 382 avant J.-C., lorsqu’une force spartiate occupa la citadelle par un coup de main perfide. Trois ans plus tard, la garnison spartiate fut expulsée et une constitution démocratique fut mise en place à la place de l’oligarchie traditionnelle. Dans les guerres qui s’ensuivent avec Sparte, l’armée thébaine, entraînée et dirigée par Epaminondas et Pelopidas, se révèle redoutable (voir aussi : Bande sacrée de Thèbes). Des années de combats désordonnés, au cours desquelles Thèbes a établi son contrôle sur toute la Béotie, ont abouti en 371 avant J.-C. à une remarquable victoire sur les Spartiates à Leuctre. Les vainqueurs furent acclamés dans toute la Grèce comme les champions des opprimés. Ils portèrent leurs armes dans le Péloponnèse et, à la tête d’une large coalition, paralysèrent définitivement le pouvoir de Sparte, en partie grâce à la libération de nombreux esclaves helotes, base de l’économie spartiate. Des expéditions similaires sont envoyées en Thessalie et en Macédoine pour régler les affaires de ces régions.
Déclin et destructionEdit
Cependant, la prédominance de Thèbes fut de courte durée, les États qu’elle protégeait refusant de se soumettre définitivement à son contrôle. La rivalité renouvelée de Thèbes avec Athènes, qui s’était jointe à elle en 395 av. J.-C. par crainte de Sparte, mais qui, depuis 387 av. J.-C., s’efforçait de maintenir l’équilibre des forces contre son alliée, empêcha la formation d’un empire thébain. Avec la mort d’Epaminondas à la bataille de Mantinée (362 av. J.-C.), la cité sombra à nouveau dans la position d’une puissance secondaire.
Lors de la troisième guerre sacrée (356-346 av. J.-C.) avec son voisin Phocis, Thèbes perdit sa prédominance en Grèce centrale. En demandant à Philippe II de Macédoine d’écraser les Phocéens, Thèbes étendit le pouvoir du premier à proximité dangereuse de ses frontières. La répulsion du peuple thébain s’exprime en 338 avant J.-C. par l’orateur Démosthène, qui persuade Thèbes de se joindre à Athènes dans une ultime tentative pour empêcher l’avancée de Philippe en Attique. Le contingent thébain perdit la bataille décisive de Chaeronea et avec elle tout espoir de reprendre le contrôle de la Grèce.
Philippe se contenta de priver Thèbes de sa domination sur la Béotie ; mais une révolte infructueuse en 335 av. J.-C. contre son fils Alexandre le Grand alors qu’il faisait campagne dans le nord fut punie par Alexandre et ses alliés grecs par la destruction de la ville (à l’exception, selon la tradition, de la maison du poète Pindare et des temples), et son territoire divisé entre les autres cités béotiennes. De plus, les Thébains eux-mêmes furent vendus comme esclaves.
Alexandre n’épargna que les prêtres, les chefs du parti pro-macédonien et les descendants de Pindare. La fin de Thèbes contraint Athènes à se soumettre. Selon Plutarque, une ambassade spéciale athénienne, dirigée par Phocion, un opposant à la faction anti-macédonienne, réussit à persuader Alexandre de renoncer à ses demandes d’exil des chefs du parti anti-macédonien, et plus particulièrement de Démosthène, et de ne pas vendre le peuple en esclavage.
Périodes hellénistique et romaineModification
- Fin de la période hellénistique
- Période romaine. Vous pouvez aider en la complétant. (Avril 2013)
Les écrits anciens ont tendance à traiter la destruction de Thèbes par Alexandre comme excessive. Plutarque, cependant, écrit qu’Alexandre s’est affligé après son excès, leur accordant toute demande de faveurs, et leur conseillant de prêter attention à l’invasion de l’Asie, et qu’en cas d’échec, Thèbes pourrait redevenir la cité-état dirigeante. Bien que Thèbes ait traditionnellement été antagoniste à l’égard de l’État qui dirigeait le monde grec, se rangeant du côté des Perses lorsqu’ils envahissaient l’alliance Athéniens-Spartiates, se rangeant du côté de Sparte lorsqu’Athènes semblait omnipotente, et faisant dérailler de façon célèbre l’invasion spartiate de la Perse par Agésilas. Le père d’Alexandre, Philippe, avait été élevé à Thèbes, bien qu’en tant qu’otage, et avait appris l’art de la guerre auprès de Pélopidas. Philippe avait honoré ce fait, recherchant toujours des alliances avec les Béotiens, même lors de la préparation de Chaeronea. Thèbes était également vénérée comme la plus ancienne des cités grecques, avec une histoire de plus de 1 000 ans. Plutarque raconte que, lors de ses conquêtes ultérieures, chaque fois qu’Alexandre croisait un ancien Thébain, il tentait de réparer sa destruction de Thèbes en accordant des faveurs à cet individu.
Restauration par Cassandre
Après la mort d’Alexandre le Grand en 323 av. J.-C., Thèbes fut rétablie en 315 av. J.-C. par le successeur d’Alexandre, Cassandre. En rétablissant Thèbes, Cassandre a cherché à rectifier les torts perçus d’Alexandre – un geste de générosité qui a valu à Cassandre beaucoup de bonne volonté dans toute la Grèce. En plus d’étriller la faveur des Athéniens et de nombreux États du Péloponnèse, la restauration de Thèbes par Cassandre lui a fourni des alliés loyaux dans les exilés thébains qui sont revenus pour réinstaller le site.
Le plan de Cassandre pour la reconstruction de Thèbes a demandé aux différentes cités-États grecques de fournir une main-d’œuvre qualifiée et une main-d’œuvre, et finalement, il s’est avéré fructueux. Les Athéniens, par exemple, ont reconstruit une grande partie du mur de Thèbes. Des contributions majeures ont été envoyées de Mégalopolis, de Messène, et d’aussi loin que la Sicile et l’Italie.
Malgré la restauration, Thèbes n’a jamais retrouvé son ancienne proéminence. La mort de Cassandre en 297 av. J.-C. a créé un vide de pouvoir dans une grande partie de la Grèce, ce qui a contribué, en partie, au siège de Thèbes par Démétrius Poliorcète en 293 av. J.-C., puis à nouveau après une révolte en 292 av. J.-C.. Ce dernier siège fut difficile et Démétrius fut blessé, mais il parvint finalement à briser les murs et à prendre la ville une nouvelle fois, la traitant avec douceur malgré sa résistance acharnée. La ville récupère son autonomie auprès de Démétrius en 287 av. J.-C., et s’allie à Lysimaque et à la Ligue étolienne.
Période byzantineModifier
Au début de la période byzantine, elle sert de lieu de refuge contre les envahisseurs étrangers. À partir du Xe siècle, Thèbes devient un centre du nouveau commerce de la soie, ses ateliers de soie étant dynamisés par les importations de savons et de teintures en provenance d’Athènes. La croissance de ce commerce à Thèbes s’est poursuivie à un tel point qu’au milieu du XIIe siècle, la ville était devenue le plus grand producteur de soie de tout l’empire byzantin, dépassant même la capitale byzantine, Constantinople. Les femmes de Thèbes étaient réputées pour leurs talents de tisserandes. La soie thébaine était prisée au-dessus de toutes les autres à cette époque, tant pour sa qualité que pour son excellente réputation.
Bien que sévèrement pillée par les Normands en 1146, Thèbes retrouva rapidement sa prospérité et continua à se développer rapidement jusqu’à sa conquête par les Latins de la quatrième croisade en 1204.
Période latineModification
Grâce à sa richesse, la ville est choisie par la dynastie franque de la Roche comme capitale, avant d’être définitivement transférée à Athènes. Après 1240, la famille de Saint Omer contrôle la ville conjointement avec les ducs de la Roche. Le château construit par Nicolas II de Saint Omer sur la Cadmea était l’un des plus beaux de la Grèce franque. Après sa conquête en 1311, la ville fut utilisée comme capitale par l’éphémère État de la Compagnie catalane.
En 1379, la Compagnie navarraise s’empara de la ville avec l’aide de l’archevêque latin de Thèbes, Simon Atumano.
Période ottomaneModifier
L’hégémonie latine à Thèbes dure jusqu’en 1458, date à laquelle les Ottomans s’en emparent. Les Ottomans rebaptisent Thèbes « İstefe » et la gèrent jusqu’à la guerre d’indépendance (1821, nominalement jusqu’en 1832), à l’exception d’un intermède vénitien entre 1687 et 1699.
Ville moderneEdit
Dans l’État grec moderne, Thèbes a été la capitale de la préfecture de Béotie jusqu’à la fin du XIXe siècle, lorsque Livadéia est devenue la capitale.
Aujourd’hui, Thèbes est une ville de marché animée, connue pour ses nombreux produits et marchandises. Jusque dans les années 1980, elle avait une production agraire florissante avec quelques complexes industriels. Cependant, à la fin des années 1980 et dans les années 1990, le gros de l’industrie s’est déplacé plus au sud, plus près d’Athènes. Le tourisme dans la région est principalement basé à Thèbes et dans les villages environnants, où se trouvent de nombreux lieux d’intérêt liés à l’antiquité, comme le champ de bataille où s’est déroulée la bataille de Platée. La proximité d’autres destinations de voyage plus célèbres, comme Athènes et Chalkis, et les sites archéologiques peu développés ont maintenu le nombre de touristes à un faible niveau.
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Thèbes, 1842 par Carl Rottmann
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Fête populaire à Thèbes, Années 1880
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Un buste de Pindare
Entrée au musée archéologique
Monastère de la Transfiguration
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