L’infâme photo. Envoyée en masse en avril 2004 (truquée par une fausse perspective ; les solpugidés apparaissent 8 à 10 fois plus grands que nature).
Puis, dans les messages de suivi, les affirmations farfelues ont commencé à s’accumuler !
- On les appelle les araignées chameaux parce qu’elles mangent l’estomac des chameaux.
- Elles s’attachent au dessous du ventre des chameaux et pondent des œufs sous la peau.
- Elles peuvent traverser le sable du désert à des vitesses allant jusqu’à 25 miles par heure, en faisant des bruits de cris en courant.
- Ils peuvent sauter de 4 à 6 pieds en l’air.
- Ils vous poursuivront comme un lion affamé.
- S’ils vous mordent, la chair et le muscle tombent, laissant un trou.
- Ils sont venimeux, et leur venin contient un puissant anesthésiant qui engourdit leurs victimes (ce qui leur permet de ronger des animaux vivants et immobilisés sans se faire remarquer). Ceci s’appuie sur un précédent mythe qui s’est répandu pendant la guerre du Golfe.
Les solpugidés sont rapides, mais pas tant que ça. La vitesse maximale citée dans les sources scientifiques est de dix miles par heure, et les seules vitesses mesurées avec précision que j’ai pu trouver étaient inférieures à 1 mile par heure. Leur capacité à sauter n’a rien de spécial. Ils pondent leurs œufs dans le sol, pas dans les chameaux ! Ils sont prédateurs et ne se nourrissent pas de gros animaux comme les chameaux ou les humains. Lorsqu’ils courent vers une personne debout sous le soleil brûlant du désert (ou vers leur chameau ou dans leur tente), ils cherchent à se cacher à l’ombre. Certaines espèces peuvent produire une stridulation à peine audible (qui ressemble à un bourdonnement ou à un sifflement).
Les espèces présentes en Irak ont été étudiées dans ce pays par des scientifiques britanniques pendant les 39 années (1919-58) où le pays était sous contrôle britannique. Leur anatomie et leur physiologie sont bien connues. Ils n’ont positivement pas de venin, et aucun moyen de l’injecter même s’ils en avaient ! (S’ils mordent et parviennent à briser la peau, la plaie risque de s’infecter, ce qui est à l’origine de certaines histoires. Tout effet néfaste pourrait être évité avec un désinfectant). Voir cet article pour la prise de National Geographic sur les mythes de l’araignée de chameau.
J’ai reçu (par email) beaucoup d’abus pour avoir douté de ces histoires – principalement de la part de civils qui pensent probablement que c’est antipatriotique de douter de la parole d’un soldat. J’ai le plus grand respect pour les soldats, mais j’en connais aussi quelques-uns, et je sais que l’un de leurs passe-temps favoris est de s’asseoir autour de la table pour raconter des histoires. Et pourquoi pas ? Ils méritent toutes les distractions qu’ils peuvent avoir. Mais cela ne m’oblige pas à croire chaque histoire à dormir debout que j’entends de la part de quelqu’un qui ne peut jamais, en aucun cas, donner le nom de la personne à qui elle est arrivée ! Si la source est une personne non nommée ( » mon neveu « , » quelqu’un qui revient d’Irak « , » des bergers à qui nous avons parlé « , » un Marine « , » un aviateur « ), ce n’est pas une preuve !
Une personne a proposé à son frère en Irak de m’envoyer un spécimen de 30 cm, mais a fait marche arrière lorsque le frère a prétendu qu’il ne pouvait pas obtenir de permis d’exportation. Personne n’a jamais expliqué comment ils mesuraient la vitesse ou la hauteur de saut, et bien sûr personne n’a jamais produit un spécimen trouvé mangeant de la chair humaine ou de chameau. Mais les légendes urbaines ne meurent jamais – il y a toujours quelqu’un qui jure que c’est arrivé à un « ami » non nommé. »